se fût mise en travers de toute entente amiable, quels sacrifices la diplomatie russe n’eût-elle pas faits pour s’assurer, dans cette crise, le concours de l’Allemagne ? L’« alliance des trois empereurs, » vraiment scellée, eût consacré l’asservissement indéfini de l’Europe.
Si, d’autre part, les choses s’arrangeaient finalement entre les puissances, la France étant absente, quelle eût été la situation de celle-ci, alors qu’elle n’eût pas donné son assentiment solennel au nouveau droit public européen ? Se fût-elle tenue aux traités anciens annulés ou modifiés par les nouvelles stipulations ? Eût-elle porté seule le poids d’un passé qui s’était effondré de lui-même ? Eût-elle traîné, en Europe, avec la revendication émouvante de ses propres provinces, la réclamation stérile d’un système oriental disparu ?
La solution simple, judicieuse, raisonnable, c’était la participation. Le gouvernement français crut devoir joindre à son acceptation des « réserves » formelles qui eurent, sur les événemens ultérieurs, des suites importantes : elles furent exprimées, dès le 7 mars, aussitôt que fut lancée la première idée d’une conférence : elles sont précisées, le 4 juin, dans la réponse à l’invitation adressée par le gouvernement allemand au cabinet de Paris et, plus tard, dans les déclarations portées à la tribune de la Chambre des députés par M. Waddington, le 7 juin. Elles se résument ainsi. Il ne sera pas question au Congrès des affaires d’Occident « dont au reste personne ne songeait à s’occuper en ce moment, » mais en plus, la France ne peut admettre qu’il y soit question des intérêts orientaux qui n’ont pas été touchés par les derniers événemens :
Pour préciser plus nettement notre pensée, nous avons dit, dès le dé- but, dès le mois de février dernier, que nous n’entendions pas qu’on pût soulever, dans le Congrès, la question d’Egypte, ni celle du Liban, ni celle des Lieux-Saints. À notre avis, ces questions n’étant pas soulevées par le traité de San-Stefano, devaient rester absolument en dehors des tra- vaux du Congrès… Nous avons été guidés dans ces réserves par les intérêts de la France et par l’intérêt général de l’Europe.
Les réserves françaises furent accueillies avec bonne grâce par les puissances. Le cabinet de Londres les trouva « prudentes