Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de joindre à l’envoi de la cotonne pour deux tabliers dont elle a grand besoin. Chère cousine, je sais combien les commissions sont choses désagréables à recevoir et même à donner. J’ai même été témoin du désagrément qu’elles vous donnent ; et j’avoue que si l’amitié ne fait pas mon excuse, je suis inexcusable auprès de vous.

Bonjour, mon aimable amie, ne m’oubliez pas, je vous supplie, auprès de M. de Lessert, s’il est, comme je l’espère, de retour auprès de vous. Je salue tout ce qui vous est cher. Mme Renou vous embrasse de tout son cœur. Embrassez la chère maman de la part de l’un et de l’autre. Je compte lui écrire au premier jour.


Madame de Lessert, née Boy de la Tour, rue Piset, Lyon.


A Monquin, le 3 novembre 1769.

Vous ne doutez pas avec quel plaisir, chère cousine, j’apprends toutes les bonnes nouvelles que vous me donnez de tout ce qui vous touche. Aussi ne me presserais-je pas tant de vous le dire, si je n’avais à vous donner en même temps les éclaircissemens que vous me demandez sur les importunes commissions dont vous ne vous lassez point, et qui sont aussitôt faites que dites. Puisque le papier est acheté, je le prendrai ; il ne sera pas de trop, et vaudra peut-être mieux pour l’usage que j’en veux faire que celui qu’on m’a envoyé. A l’égard de l’envoi, il faudra le suspendre encore quelque temps jusqu’à ce que je voie si je puis vous envoyer une coquetière en droiture. Si d’ici à quinze jours il ne vous en vient point, vous pourrez, chère cousine, l’adresser par le carrosse ou autre voie A M. Perial, directeur des Postes, pour faire passer à M. Renan, à Bourgoin. Trois aunes et demie de cotonne ne suffisent pas pour deux grands tabliers ; il en faut cinq aunes et demie, que vous pourrez envoyer en même temps par le même.

Mme Renou est, grâce au Ciel, tout à fait rétablie. Tout bien considéré, je crois qu’une attaque de néphrétique, et qui n’a pas été la première en sa vie, a eu grande part à sa dernière maladie. Le mot d’aider la nature est assurément fort beau. C’est dommage qu’il soit ridicule. Car pour savoir et pouvoir aider la nature, il faudrait connaître à fond sa constitution, sa marche, ses forces,