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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/398

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nous en a conservé un grand nombre, mais avec une nouvelle notation et d’autres paroles, — cette collection était restée telle depuis trois siècles, lorsqu’on moins de vingt-cinq ans, elle s’est trouvée presque doublée : en Asie Mineure, on découvre une chanson gravée sur un monument funéraire ; à Vienne, un papyrus contenant des morceaux d’un chœur d’Euripide ; à Delphes, l’hymne à Apollon et d’autres fragmens d’assez grande importance.

Si, malgré ces découvertes, la collection reste malheureusement encore fort pauvre, nombreux sont les écrits des philosophes et des historiens qui peuvent nous éclairer sur ce passé lointain : Élémens harmoniques et rythmiques d’Aristoxène, Introduction et Monocorde d’Euclide, Introduction musicale d’Alypius, Harmoniques de Claude Ptolémée, Problèmes d’Aristote, et enfin un ouvrage de haute valeur : le Dialogue de Plutarque, dont la première partie reproduit un ouvrage d’Héraclide du Pont écrit au IVe siècle avant notre ère.

La Musique dans l’Antiquité nous initie tout d’abord à la notation grecque, notation par lettres ou signes alphabétiques dont nous n’avons pas, d’ailleurs, perdu toute tradition, car aujourd’hui encore pour les compositeurs allemands, A, B, C, D, E, F, G signifient la, si, do, ré, mi, fa, sol, etc. ; voici par exemple comment se présente à nos yeux la chanson découverte sur le monument de Tralles (Asie Mineure) :

Transcirption de chanson sur un monument de Tralles
Transcirption de chanson sur un monument de Tralles
Ὀ-σον ζῇς φαι-νου ʹμηδέν ό-λως σὺ λυ-ποῦ, etc.

Les points indiquent les temps forts de la mesure : un trait horizontal, les longues de deux temps ; deux traits à angle droit, celles de trois temps. A sept lettres par octave de la gamme diatonique, vingt et une lettres représentent trois octaves, c’est-à-dire l’étendue moyenne de la voix humaine depuis le grave de la basse jusqu’à l’aigu du soprano, immuables limites dans lesquelles gravite le chœur antique, celui de Palestrina, celui de Bach et le nôtre (depuis Pindare, nos larynx n’ont point changé).

Alors la musique vocale était homophone, la polyphonie vocale insoupçonnée ; le chœur ne chantait jamais qu’à l’unisson ou à l’octave ; et il ne chantera jamais autrement pendant des