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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/410

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Quand pratiquera-t-on ce onzième harmonique et les harmoniques suivans ? Comment s’opérera la transformation de nos claviers d’orgues et de pianos auxquels on demandera non plus des demi, mais des tiers, des quarts de ton ?

En réduisant les chiffres à leur simple expression, l’accord composé des nombres premiers 1, 3, 5, 7, 9 se trouve représenter à lui seul toute notre harmonie naturelle, de 1 à 5 consonante, de 5 à 9 dissonante. Voilà donc un alphabet de cinq lettres qui suffit à la plus riche, à la plus universelle de toutes les langues !

Après avoir étudié le diatonique dans la musique polyphone, Gevaert s’attaque à l’organisme de la tonalité moderne et en explique les harmonies essentielles et complémentaires. Essentiels, les deux accords majeurs de dominante et sous-dominante oscillant à droite et à gauche de la tonique comme les plateaux d’une balance. Complémentaire, l’accord relatif du sixième degré avec ses deux satellites du deuxième et du troisième degré, ceux-ci également oscillant à égale distance du sixième, les deux groupes en absolue symétrie, ayant un point de contact situé exactement au milieu du domaine tonal, un pied dans les deux camps. « En tant que siège d’un accord primaire, le second degré est donc à la dominante, ce que celle-ci est à la tonique, son avant-coureur attitré. Et en cette qualité, l’harmonie complémentaire du second degré est admise à faire fonction d’essentielle soit en se substituant purement et simplement à son relatif majeur, soit en se joignant à lui. »

Ainsi se trouvent, pour la première fois, scrutées et justifiées ces charmantes cadences si familières au plus pur des musiciens, devenues classiques depuis Mozart, un peu usées aujourd’hui avouons-le, par l’abus qu’en a fait l’école italienne pendant trois quarts de siècle ; alors qu’on rejetait l’accord fondamental du second degré, on admettait son renversement sur le quatrième : pourquoi cet illogisme ? Qui éluciderait la question, pénétrerait le mystère ?

Un peu plus loin, Gevaert soulève une fort intéressante discussion de psychologie musicale : « Peut-on traduire par des formules harmoniques l’interrogation ou l’exclamation, la résignation ou la crainte ? Assurément ; » et par de nombreux exemples il le prouve.

Dernièrement, je me heurtais dans un compte rendu théâtral à une critique bien inattendue : il s’agissait pour le compositeur