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ils doivent admettre aussi, non seulement les nègres et les blancs, mais les blonds et les bruns, pour autant d’espèces différentes d’hommes, et par conséquent faire un Adam pour chacune de ces espèces, etc., le reste à une autre fois.

J’ai su par M. de Lessert que tout allait bien durant son séjour ici tant chez vous que chez votre bonne maman, excepté qu’il nous reste encore quelque chose à désirer pour la parfaite santé de l’aimable Julie. J’espère que la belle saison achèvera de la rétablir, et que, selon les vœux de mon cœur, je n’apprendrai plus que de bonnes nouvelles des deux familles. Ma femme, qui vous prie d’embrasser pour elle la petite cousine en lui faisant ses remerciemens, se joint à moi pour vous faire, et à votre chère maman, et aux chers enfans de l’un et de l’autre, nos plus tendres salutations.


A Madame de Lessert, née Boy de La Tour, à Lyon.


[Paris], 6 juin [1774],

Votre silence, chère cousine, me tient en inquiétude à cause de la circonstance. Il me semble que si tout allait bien, vous m’auriez écrit. Sur votre première lettre, je crus votre maman parfaitement rétablie et partie pour la Suisse, je vous écrivis et vous fis adresser l’herbier dans cette opinion, jugeant votre sœur partie avec elle. Votre seconde lettre, en me confirmant son rétablissement et son prochain départ, m’apprit cependant que j’avais pris la première trop à la lettre. Maintenant je ne reçois plus rien, je ne sais pas même si elles sont parties ou non : cette incertitude me met en peine. Je vous prie de m’en tirer.

Je suis très fâché de ne m’être pas trouvé chez moi, quand la personne que vous aviez chargée de retirer l’herbier y vint. Je me serais arrangé avec lui en lui demandant son adresse pour avoir de vos nouvelles, toutes les fois que j’aurais de l’inquiétude, sans avoir besoin de vous écrire et d’attendre une réponse. Mettez-moi, je vous prie, à portée de cet avantage, en me donnant l’adresse de quelqu’un de vos correspondans, afin que je puisse aller chez lui me tirer de peine quand j’attendrai de vos nouvelles et que je n’en aurai plus.

Bonjour, chère cousine. Pour me tranquilliser, un mot suffit ; mais j’ai besoin de ce mot.