Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

travailleurs, a inspiré au monde protestant un intérêt profond. L’effort de l’Église romaine a excité l’amour et l’admiration de grand nombre d’hommes étrangers à cette Église. La nouvelle activité que les catholiques déploient pour répandre une éducation supérieure a contribué également aux meilleures relations qui viennent de s’établir. » Durant cette même période, le Parlement des Religions se plut à marquer la prééminence du catholicisme[1]. En 1903, dans la trop fameuse grève de Pennsylvanie, le président Roosevelt désigne un évêque catholique, Mgr Spalding, parmi les arbitres. Ce sont des faits. Tous les témoignages concordent avec eux, depuis l’hymne joyeux de M. l’abbé Klein jusqu’au cri d’alarme de M. Urbain Gohier : a La question catholique, aux Etats-Unis, est d’un extrême intérêt. Le péril catholique y sera redoutable avant peu d’années. »

De ces progrès du catholicisme, nous voulons seulement dégager la signification nationale et préciser le rôle dans la société américaine. Ils sont liés à l’origine même de la grande République. Le catholicisme était alors bien misérable. Son chef, le vicaire apostolique John Carroll, était un esprit libéral, un ami de Washington. « Tandis que les ministres épiscopaliens, par loyalisme et par intérêt, n’avaient secondé que mollement le mouvement émancipateur, ou même y avaient résisté, les catholiques, opprimés jusque-là, le soutinrent de toutes leurs forces. Ils acquirent par là même un droit à la reconnaissance de tous les républicains et ceux-ci, d’ailleurs, depuis le commencement de la guerre d’indépendance, s’étaient montrés à leur égard d’autant mieux disposés qu’il fallait se concilier l’amitié de la France, puissance catholique[2]. » De cette époque à nos jours, le catholicisme n’a jamais cessé de professer le plus grand respect pour les institutions du peuple américain, la plus vive admiration pour sa grandeur et le dévouement le plus sincère à sa fortune. Il s’est tenu en étroite harmonie avec la nation ; il s’est appliqué à montrer que la religion « romaine » n’était pas une religion étrangère et que l’unité dogmatique, loin d’exclure les diversités nationales, en favorisait l’épanouissement, comme fleurissent les rameaux fortement attachés à la tige commune. Si nulle part le dogme de l’infaillibilité n’a été accueilli avec plus de satisfaction qu’aux États-Unis, c’est que l’Église américaine,

  1. Voyez G. Bonet-Maury, le Congrès des religions à Chicago en 1893.
  2. A. Houtin, L’Américanisme, p. 11-12.