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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La session parlementaire d’automne s’est ouverte le 13 octobre, un peu plus tôt que d’habitude : la raison de cette hâte est qu’un tiers du Sénat est renouvelable le 3 janvier et que, à partir de décembre, il sera bien difficile de retenir sur leurs sièges les sénateurs soumis à réélection. Aussitôt réunie, la Chambre des députés a décidé qu’elle tiendrait une séance le matin pour discuter l’impôt sur le revenu, et une autre l’après-midi pour discuter le budget ; mais, après avoir donné cette preuve manifeste de leur activité laborieuse, nos députés, satisfaits d’eux-mêmes, sont allés se promener on ne sait où et semblent avoir déserté le Palais-Bourbon. Jamais encore on n’y a vu moins de monde. Les discussions commencent devant quinze ou vingt personnes et se continuent devant une cinquantaine. Un jour le scandale a été tel qu’il a fallu suspendre la séance pendant une heure pour sonner le rappel et attendre que quelques douzaines de députés eussent composé pour les orateurs un semblant d’auditoire. Le gouvernement parlementaire devient chez nous purement figuratif. Et chose curieuse à constater, c’est depuis qu’ils ont augmenté leur traitement d’une somme appréciable, que nos représentans se raréfient de plus en plus à la Chambre. Comprendra cela qui pourra. L’effet opposé aurait été plus naturel : il semble que nos députés, après avoir si largement rétribué leurs services, auraient dû s’appliquer à en donner au pays pour son argent ; mais, tout au contraire, leur vie devenue plus facile a développé chez eux des goûts d’indépendance qu’ils ne se connaissaient pas auparavant, ou qu’ils ne pouvaient pas satisfaire. Incontestablement ils travaillent moins, ou, si l’on veut, ils sont moins nombreux à travailler. Les débats s’en ressentent : ils deviennent de plus en plus faibles et plus décousus, quand on ne les