Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 48.djvu/458

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE DRAMATIQUE


Vaudeville : La Patronne, comédie en quatre actes par M. Maurice Donnay. — Gymnase : Le Passe-Partout, comédie en trois actes par M. Georges Thurner.


La frivolité aurait-elle cessé de plaire au théâtre, et la mode reviendrait-elle au genre sérieux ? Depuis six semaines, sur les scènes les plus diverses, on agite les grands problèmes, on discute, on s’attendrit. M. Maurice Donnay, qui tant de fois a diverti son public par sa fantaisie et ses boutades, se propose maintenant de le faire réfléchir. Après s’être égayé si longtemps de notre déliquescence, il s’en afflige. Sa nouvelle pièce met encore en scène le milieu parisien, mais c’est pour le flétrir. Il ne lui suffit plus de semer, de la manière nonchalante qui lui est habituelle, les croquis de mœurs, les esquisses rapides et les mots. Il s’est proposé un dessein plus grave : c’est d’étudier l’influence d’un milieu sur un individu, et de nous faire assister à l’œuvre de perdition qu’accomplit presque sûrement l’immoralité de la capitale.

La « patronne » est une Mme Sandral, femme d’un brasseur d’affaires, dont le salon réunit une jolie collection de personnages interlopes, charlatans, snobinettes et dames entretenues. C’est dans cette maison riche mais déshonnête que tombe, pour y être secrétaire, le jeune Robert Bayanne tout frais débarqué de sa province. Trop de tentations l’y attendent, et trop dangereuses pour un jeune homme ; mais la patronne, attirée vers lui par une tendresse dont on ne sait si elle est plus féminine, ou plus maternelle, le suivra d’un œil inquiet, préviendra ses déchéances, lui tendra au bon moment une main secourable. L’étude de la dégringolade de Robert, l’analyse des