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alors[1]. « Avec le brillant courage qui les a toujours caractérisés, a-t-il dit, les Polonais ont fait preuve de dévouement à la patrie prussienne, d’attachement à la couronne de Prusse ; ils ont mêlé leur sang au nôtre... et justement avec leur sang ils ont scellé la conviction qu’ils font partie du peuple prussien. »

On accuse les Polonais de se livrer à une politique d’oppression, d’autant plus redoutable qu’elle est plus silencieuse et méthodique. Comment cela est-il possible, l’Etat prussien disposant d’une armée colossale de soldats et de fonctionnaires ? On leur fait un crime d’avoir acheté cent mille hectares de terre. Ont-ils contraint les Allemands à les leur vendre ? Sans discuter ces chiffres, il faut faire honneur aux Polonais de prospérer malgré les entraves légales et les tracasseries bureaucratiques, par leurs propres forces et à la sueur de leur front. Au lieu de blâmer leur énergie, on devrait l’utiliser au service de l’Allemagne. Dans l’Etat prussien, les Polonais ne peuvent exercer leur activité que dans le domaine agricole et industriel ; ils ne doivent compter que sur leur travail et sur leur intelligence ; ils ne reçoivent ni aide, ni encouragement pour faire face aux besoins de leur vie. Les employés de nationalité polonaise, peu nombreux et n’occupant que des emplois subalternes, sont lésés dans leurs droits ; ils n’ont pas la liberté de vote. Sans doute, on doit regretter que tout rapport ait cessé entre Polonais et Allemands. Il y eut des temps où la population polonaise vivait en paix avec la population allemande. Les familles des deux nationalités se visitaient, des relations amicales s’établissaient. Ce ne sont pas les Polonais qui les ont rompues. Elles cessèrent pendant le Kulturkampf, quand une partie de la population allemande prit parti contre eux et appuya les lois de combat par la parole et par les actes. A qui la faute, si ce n’est au gouvernement prussien, qui, par sa législation, par ses mesures administratives et surtout par la grande maladresse, l’entêtement et l’esprit partial de ses fonctionnaires, a créé un état de choses que tous déplorent et qui rend la vie dans nos foyers triste et amère[2] ?

Les adversaires de l’expropriation dans les deux Chambres, en majorité indifférens ou hostiles aux Polonais, fortifièrent

  1. Chambre des députés prussiens, Stenog. Ber., 30 nov. 1907 (M. de Dziembowski-Pomian).
  2. Id., ibid., 27 nov. 1907, p. 35-45 (Dr de Iazdzewski).