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L’organisation des arsenaux remonte à 1844, époque où fleurissait la marine à voile. C’est ce règlement, vieux de soixante-quatre ans, que l’on ne cesse de rapiécer pour l’accommoder à de nouveaux besoins.

En 1844, le ministre de la Marine jouait déjà un double rôle militaire et industriel. Depuis lors, le côté industrie a pris une extension considérable ; il exige l’exploitation de vastes usines et l’on considère le département de la marine, avec ses 27 000 ouvriers, comme le « premier usinier de France. »

Mais, ici, comme en matière de chemins de fer, l’État est un déplorable industriel. Ne lui manque-t-il pas l’aiguillon de la concurrence ? Aussi, loin de chercher à obtenir plus de célérité et des prix de plus en plus bas, végète-t-il dans une routine plus aisée à déplorer qu’à combattre. D’autres marines n’ont pas hésité à couper le mal dans sa racine. En 1906, le Congrès américain chargea une commission de réorganiser ses arsenaux. Comprenant l’importance du choix des personnes à interroger, il désigna trois ingénieurs civils, sur cinq membres. Ces ingénieurs ont apporté au sein du groupe des idées saines, neuves, radicales, pratiques, dont profiteront largement les établissemens à rénover. L’Angleterre a opéré de même en 1905 : le Comité de sept personnes comprenait quatre membres civils. Le résultat fut, parait-il, excellent, et nous n’en sommes point surpris. Aurons-nous le courage d’employer un procédé aussi révolutionnaire ?

Chaque arsenal maritime, grand ou petit, possède le même nombre de hauts fonctionnaires. D’abord, un vice-amiral préfet maritime, à la fois chef militaire suprême et chef d’industrie comme directeur de l’arsenal, assisté de six directeurs formant sous sa présidence le Conseil d’administration du port : le contre-amiral major général, chargé de la flotte construite ; le directeur des constructions navales, de la flotte en construction ; le directeur d’artillerie ; le directeur des travaux hydrauliques ; le directeur du service de santé ; le commissaire général.

De ces six directions, la plus importante est celle des constructions navales. Elle occupe le premier rang par le chiffre des crédits dont elle dispose, le nombre de ses ouvriers, l’étendue de ses ateliers et de ses bureaux. Par la force des choses, elle exerce en pratique une prédominance incontestable, sinon incontestée. Ses avis sont très écoutés et, généralement, elle a le der-