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Daily Telegraph, ainsi que les causes de cet état d’esprit. Il a expliqué ensuite l’attitude qu’il avait adoptée pendant les débats du Reichstag sur les interpellations. Sa Majesté l’Empereur a accueilli les déclarations et les explications du chancelier de l’Empire avec une profonde gravité, et a exprimé ainsi sa volonté : sans se laisser troubler par les exagérations, qu’il regarde comme injustes, de la critique publique, il considère que son devoir impérial le plus élevé est d’assurer la constance de la politique de l’Empire en sauvegardant les responsabilités constitutionnelles. En conformité avec ces vues, Sa Majesté l’Empereur a approuvé les déclarations faites par le chancelier de l’Empire au Reichstag et a assuré au prince de Bülow qu’il lui continuait sa confiance. » Qu’a fait l’Empereur dans cette note ? Il a sauvé sa dignité personnelle en conservant le l’on de l’autorité et du commandement qui lui est familier. Il a « accordé » une audience au chancelier ; il a écouté ses « explications ; » il a finalement fait connaître sa « volonté. » On pourrait donc croire qu’il n’y a rien de changé en Allemagne, ou qu’il y a seulement un manifeste impérial de plus. Quoi de plus équivoque que la phrase où l’Empereur déclare qu’il maintiendra la constance de la politique de l’Empire en « sauvegardant les responsabilités constitutionnelles ? » Ces mois n’ont pas en Allemagne le même sens que chez nous, puisque les ministres et le chancelier lui-même n’y ont de responsabilité constitutionnelle qu’envers le souverain. Aussi ceux qui disent que la note officielle n’apporte aucune « garantie » ont-ils raison de le dire, si on s’en tient à la forme, au lieu d’aller au fond des choses ; mais, si on va au fond des choses, la conclusion sera tout autre.

On ne pouvait pas demander plus à l’Empereur sans lui imposer une humiliation qu’il n’aurait pas acceptée, et qu’il aurait eu raison de ne pas accepter. En fait, il a cédé, puisqu’il a approuvé le langage de M. de Bülow devant le Reichstag, et qu’il n’a pas protesté contre l’article que la Gazette de Cologne a publié le lendemain de l’entrevue de Potsdam. Cet article dit tout ce que ne dit pas la note du Moniteur de l’Empire. Il affirme que certaines manifestations du pouvoir personnel ont « ébranlé à l’étranger le prestige de l’Empereur ; » que ces manifestations ont été contraires à l’intérêt du pays ; que « non seulement le chancelier et le ministère prussiens, mais les représentans des États confédérés, dans le comité des Affaires étrangères du Conseil fédéral, sont unanimes sur ce point ; » enfin qu’ils ont tous jugé nécessaire d’adresser à l’Empereur « une prière et un avertissement. » Avec les meilleures intentions du monde, l’Empereur