les troupes, à la condition de tomber juste au point voulu. Cette précision indispensable et le manque d’action en profondeur de l’obus font qu’il est encore considéré comme un simple auxiliaire et qu’il entre en quantité minime dans les approvisionnemens.
En réalité, la première étape parcourue depuis 1870 surpasse toutes les précédentes ; elle nous a conduits à l’artillerie à shrapnel fusant dont les caractéristiques sont les suivantes : action foudroyante et en profondeur de l’ancien tir à mitraille jusqu’aux plus grandes distances sur toute troupe découverte ; mais impuissance contre les troupes abritées et contre les obstacles. C’est ce matériel qui figura dans les dernières campagnes.
L’importance de la rapidité du tir est restée longtemps méconnue. On l’a comprise tout d’abord dans l’infanterie ; cette idée pénétra plus difficilement dans l’artillerie pour la raison suivante : dans un matériel de poids déterminé, la vitesse du tir ne peut être accrue qu’en réduisant le calibre, ce qui diminue le vide intérieur du shrapnel et rend son organisation difficile.
Le principe du canon à tir rapide repose sur les idées sui vantes : 1° éviter le mouvement à bras pour la remise en batterie après chaque coup en rendant l’affût immobile pendant le tir ; 2° réduire la durée du pointage par l’emploi d’un frein qui ramène le canon à sa position ; 3° diminuer le temps nécessaire au chargement par l’emploi d’une cartouche analogue à celle du fusil et réunissant la charge et le projectile.
Pendant longtemps, le canon à tir rapide resta irréalisable ; en effet, les percussions supportées par l’affût sont d’autant plus violentes que le recul est plus limité. Avec la poudre noire, on n’aurait probablement jamais obtenu des affûts sans recul à la fois solides et légers. Enfin il fallait aussi que les progrès balistiques permissent d’envoyer un projectile relativement léger jusqu’aux plus grandes portées avec une vitesse restante et une précision suffisante. Le canon à tir rapide n’était pas viable en 1877, lorsque nous avons créé notre matériel de 90.
Mais, dès 1886, je montrais qu’en demandant à un matériel nouveau la résistance que présentaient nos pièces de 80, les plus parfaites à cette époque, il était possible d’établir un matériel à tir rapide du poids de notre 90, et lançant un projectile