Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intérêts financiers. On sait le reste : leurs démarches auprès des divers gouvernemens, les refus qu’ils éprouvèrent et, enfin, leur campagne triomphale de l’été et de l’automne derniers, suivie de l’achat de leur appareil pour 500 000 francs par le syndicat français, présidé par M. Lazare Weiller.

Cependant, en France, les essais de vol plané sans moteur continuaient, et peut-être continueraient-ils encore, si Santos-Dumont, intervenant avec sa fougue et, sa crânerie ordinaires, n’avait un beau jour mis fin aux glissades en essayant de s’élever en l’air brusquement, sans apprêts, pour ainsi dire, avec un biplan de sa construction. Un premier bond, de 60 mètres, lui fit gagner, le 23 octobre 1906, la coupe E. Archdeacon ; une véritable envolée de 220 mètres, exécutée le 12 novembre suivant, trois ans, comme on le voit, après le premier vol des Wright, lui rapportait le prix de l’Aéro-Club de France. L’élan était donné aux aviateurs français, et G. Voisin se décidait à mettre en chantier le modèle d’aéroplane qui porte son nom et que devaient illustrer, dix-huit mois plus tard, en 1908, H. Farman et L. Delagrange.

Revenons aux Wright ou, plutôt, à leur appareil.

Ce biplan, entièrement construit en spruce (sapin américain très résistant et très léger), sauf la partie mécanique et la voilure, qui est en toile, pèse 380 kilogrammes sans son pilote, et a 10 mètres de longueur ; il est monté, nous avons dit pourquoi, sur des patins reliés au corps de l’appareil par des tiges de bois entre toisées. Ces patins se relèvent à l’avant pour soutenir, à 4 mètres de distance des surfaces portantes et à une hauteur qui ne gêne ni le pilote, ni l’atterrissage, le gouvernail d’altitude, d’une superficie totale de près de 8m, 50, biplan aussi, mais non rigide. Par un jeu de leviers, de tiges et de biellettes, les surfaces de cet organe, concaves quand on le relève lors de l’envolée ou d’une montée, deviennent planes, en effet, lorsqu’on l’abaisse au moment d’une descente, de l’atterrissage, ou pendant la marche en palier, pour combattre l’excès de vitesse du moteur. Le gouvernail de direction, biplan et rigide, couvrant à peu près 1m, 80, porté par des longerons fixés au corps de l’appareil, est à l’arrière, à 2m, 50 des surfaces portantes. Ces surfaces, qui ont 12m, 50 de largeur sur 2 mètres de profondeur, ce qui donne une superficie totale de 50 mètres carrés, sont reliées l’une à l’autre par des montans verticaux de 1m, 80.