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considérable qu’une seule hélice, qui imprimerait la même vitesse à l’ensemble ; 4° elles neutralisent l’une par l’autre le mouvement de virage et, par suite, de renversement, que chacune d’elles tend à créer, de sorte qu’en définitive elles semblent assurer, mieux qu’une hélice unique, la stabilité transversale. Quant à la lenteur relative de leur rotation, rien ne prouve encore, d’une façon irréfutable, que des hélices tournant lentement et de diamètre plutôt grand, ne sont pas plus efficaces que des hélices animées d’une très grande vitesse : ces dernières, malgré leur moindre diamètre, sont, en tout cas, plus fragiles, surtout quand elles sont en bois. Toutefois, depuis la catastrophe de Fort-Myers, près Washington, le 17 septembre 1908, où l’arrêt accidentel d’un des propulseurs a fait chavirer l’aéroplane d’Orville Wright et occasionné la mort de son compagnon, le lieutenant Selfridge, on peut se demander s’il ne serait pas plus prudent de les placer l’une derrière l’autre, sur le même axe, ou de se contenter d’une seule hélice, comme dans les Voisin. Il est vrai que, depuis peu, W. Wright a imaginé un dispositif spécial, une chaîne horizontale circulant sur les pignons des deux hélices, qui, dans le cas où l’une des chaînes mentionnées tout à l’heure viendrait à se briser, actionnerait l’hélice privée subitement de sa force de rotation habituelle. L’emploi de deux hélices jumelles n’en comporte pas moins une transmission compliquée qui ne peut se faire sans une perte assez considérable de force motrice, ce qui n’a pas lieu avec un propulseur unique, qui peut se placer dans le prolongement de l’arbre de couche. Cependant, l’hélice unique a le défaut, surtout aux grandes vitesses, d’opposer une résistance considérable aux changemens de direction ; à ce point de vue, le système des hélices jumelles semble présenter beaucoup plus de souplesse. Il y a là, évidemment, une question que l’avenir seul tranchera.

Arrivons maintenant au gauchissement des ailes. Dans le Wright elles ont un certain jeu qui permet au pilote, au moment d’un changement de direction, d’abaisser les coins postérieurs des ailes intérieures en même temps qu’il relève ceux des ailes extérieures, de façon à augmenter la composante de soulèvement pour les premières, et à la diminuer pour les secondes, manœuvre qui atténue l’inclinaison, et empêche que dans un virage l’aéroplane ne glisse vers l’intérieur de la courbe