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bonne compagnie. Du reste, cette pauvre Julie était une aimable personne, meilleure que ses doctrines, même en amour et très capable d’amitié. Elle en avait beaucoup pour B. C, qui aurait tout aussi bien fait, ce me semble, de ne pas rapporter des opinions dont la fausseté égale pour le moins le scandale, et qui après tout n’étaient qu’un jeu d’esprit destiné à mourir dans les causeries où il était né. Du reste, j’attendrai, pour avoir sur toutes ces terribles choses des idées bien arrêtées, d’avoir vu les vôtres dans votre livre. J’aurais seulement désiré, avant que ce livre paraisse, que vous achevassiez une certaine phrase de votre lettre que vous n’avez faite qu’à moitié de peur du reste. Ne pourriez-vous pas me dire ce reste avant que le livre soit fait ?


Claude Fauriel à Mary Clarke.


(Gaesbeck], lundi, 15 novembre 1829.

Chère amie, j’ai reçu avant-hier votre lettre de Paris, au moment où je perdais la tête de n’en pas recevoir d’Angleterre. Par un bon motif vous m’avez causé beaucoup d’inquiétude ; et ne me doutant pas des raisons de votre silence, je me livrais pour l’expliquera toutes les conjectures imaginables. Mais vous voilà à Paris ! et je vous pardonne d’y être tombée comme d’en l’air, sans me le dire. Il ne s’agit plus maintenant pour moi que d’y retourner, de mon côté ; chose à laquelle je ne pensais guère, ni avec plaisir, avant d’avoir reçu votre lettre. Je partirais demain ou serais parti hier, si je n’écoutais que mon désir ; mais pour plusieurs raisons, je me décide à rester ici jusqu’à la fin du mois. Ce n’est point pour terminer la partie de travail dont je vous parlais. J’en ai perdu tout espoir, tant la besogne s’est allongée et embrouillée devant moi, quand je m’y suis mis ! Mais dans ma mélancolique contrariété, il faut au moins que je l’avance un peu plus pour pouvoir la quitter sans trop d’inconvénient et de souci d’avoir perdu bien des journées de réflexion, de travail et de fatigue. Outre cela, ces dames[1] ne peuvent avoir terminé avant une dizaine ou douzaine de jours des copies qu’elles ont eu la bonté de vouloir faire pour moi ; ce qui est un véritable service.

  1. La marquise Constance Arconati et sa sœur.