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chrétienne, de son collaborateur, le P. Romillion, de Françoise et de Catherine de Bermond, filles d’un trésorier général de France. La plus grande part dans cet établissement doit être faite à Françoise de Bermond et au P. Romillion, ancien huguenot devenu oratorien, voué avec ardeur aux œuvres d’enseignement.

Les petites communautés du Comtat érigées en congrégation, en 1598, par des bulles apostoliques, essaimèrent en Provence, en Dauphiné, en Languedoc, en Guyenne. Les filles d’un conseiller au Parlement de Dijon, Anne et Françoise de Xaintonge, introduisirent l’institut, en 1605 et 1606, à Dole et à Dijon.

En 1612, les sœurs de Sainte-Ursule s’établirent à Paris. A ce moment-là, elles étaient en train de se transformer, sous la pression des évêques, de simple congrégation qu’elles avaient été à l’origine en ordre religieux. Celles de Franche-Comté paraissent avoir été les seules qui n’aient pas adopté la clôture.

La mission éducatrice qu’elles s’étaient donnée répondait à un si grand besoin que leurs maisons se multiplièrent rapidement. Elles atteignirent en France, dans le cours du XVIIe siècle, le nombre de trois cent vingt et même de quatre cents.

Leur enseignement était gratuit et payant, gratuit pour les externes dont les parens étaient pauvres, payant pour les pensionnaires et les demi-pensionnaires qui appartenaient à des familles aisées. Malgré les pensions payées par les élèves de cette catégorie, leurs ressources étaient modestes parce que leurs dots ne dépassaient pas 3 à 4 000 francs et ne s’élevaient en général qu’à 1 200 ou à 2 500, et elles devaient ajouter à leurs revenus par des travaux de lingerie et de broderie. Elles en avaient d’autant plus besoin qu’elles acceptaient souvent, pour s’établir dans une ville, la condition de n’y pas faire de quêtes, de ne pas y accepter de dons, de ne prétendre à aucune subvention municipale.

Les matières de l’enseignement des externes comprenaient l’instruction religieuse, la lecture, l’écriture, le calcul, le travail ménager. Nous pouvons, à l’aide du règlement scolaire des Ursulines de Dôle qui fut arrêté en 1623, deux ans après la mort d’Anne de Xaintonge et d’après ses vues, nous faire une idée précise de leur esprit et de leur méthode pédagogiques. Ce règlement trace les devoirs de la surveillante générale ou préfectrice