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l’idée que s’en faisaient les familles de ce temps-là, les maîtresses qu’elles ont fournies aux écoles rurales, le modèle qu’elles ont offert à d’autres congrégations enseignantes, telles que les Augustines de Notre-Dame et les dames de Saint-Cyr, on peut leur faire honneur d’avoir les premières servi, avec autant de largeur et d’opportunité, ce grand intérêt public.

On était au début du XVIIe siècle et la congrégation de Notre-Dame naissait à peine quand sa fondatrice, Alix Le Clerc, alla se rendre compte, avec une de ses compagnes, de la façon dont les Ursulines de Paris conciliaient la clôture avec l’externat et recueillir, en suivant leurs exercices, tout ce que la nouvelle, communauté pouvait leur emprunter. Le 8 décembre 1603, le cardinal-légat de Lorraine, faisant droit à la requête d’Alix Le Clerc et de ses collaboratrices, les autorisa à s’associer, sans autre lien que des devoirs communs de retraite, de piété et de chasteté, pour enseigner gratuitement en Lorraine des filles de toute condition. Le premier établissement fut à Mataincourt au diocèse de Toul, où habitaient Alix Le Clerc et ses auxiliaires et dont le curé, Pierre Fourier, était entièrement dévoué à l’œuvre. Elle n’obtint qu’en 1616 de Paul V le droit d’avoir des externes. Par la même bulle, le Souverain Pontife l’autorisa à adopter la règle de Saint-Augustin et à joindre le titre de chanoinesses régulières de Saint-Augustin à celui de congrégation de Notre-Dame qu’elle avait déjà. Les élèves se distinguèrent dès lors, comme chez les Ursulines, en externes gratuites et en pensionnaires payantes.

Le programme des Augustines avait aussi beaucoup d’analogie avec celui des Ursulines. Le catéchisme, la lecture, l’écriture, l’arithmétique, le travail à l’aiguille y étaient inscrits. Leur méthode se distinguait par l’emploi de l’enseignement simultané que Pierre Fourier fut le premier à appliquer. A l’ouvroir, où les travaux d’agrément, la tapisserie, la dentelle, avaient leur place à côté du raccommodage et de la couture, l’activité était stimulée par l’attribution d’une partie du prix des ouvrages à celles qui en avaient le mérite. On faisait faire aux élèves des quittances, des factures, des compositions de style. A la préfectrice des études que nous avons rencontrée chez les Ursulines correspondait chez les Augustines la mère intendante. C’est une inspectrice, une surveillante, qui rend constamment compte à la mère supérieure de ce qu’elle observe et qui est toujours attentive