Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au perfectionnement des études. Les écoles des Augustines réunissent des enfans dont l’âge va de cinq ans et demi ou six ans à dix-huit. Les classes duraient de huit heures à dix et de une heure à quatre pour les externes et à trois pour les pensionnaires. L’enseignement était gratuit, mais les dépenses faites pour les internes étaient remboursées par les familles. Il était divisé en trois classes. La discipline et l’émulation étaient entretenues par les places assignées sur les bancs depuis le banc d’honneur jusqu’au banc des paresseuses et des indociles et aussi, dans les cas graves, par un certain nombre de coups de verge sur la main. Comme les maisons d’Ursulines, celles des Augustines étaient des écoles normales d’où sortaient des institutrices laïques qui allaient ouvrir dans les villes et les villages des écoles primaires.

De Mataincourt, les Augustines se répandirent d’abord en Lorraine. Leur premier établissement, dans la France proprement dite, fut fondé à Châlons en 1613, avant même qu’elles eussent obtenu l’autorisation, qui ne leur fut accordée que deux ans après, d’en avoir dans notre pays. La congrégation se propagea surtout dans la région voisine de celle où elle avait pris naissance.

L’institut de la Visitation a rivalisé, en importance pédagogique, avec les Ursulines et les Augustines. En le fondant à Annecy, en 1610, François de Sales et Françoise de Chantal ne l’avaient pas destiné à l’enseignement. Ce fut, pour ainsi dire, sans le vouloir et sous la pression de la faveur dont jouissait de plus en plus l’éducation féminine congréganiste qu’il ajouta l’enseignement à sa vocation primitive. Un certain nombre de filles de dix à douze ans, entrées, dès le début, dans les couvens de l’Institut à titre de postulantes, ouvrirent la voie à des pensionnaires qui ne venaient lui demander qu’une éducation chrétienne et non un asile contre les passions et les orages du monde. L’œuvre de François de Sales et de Françoise de Chantal n’eut pas d’autres élèves que des pensionnaires appartenant à la classe aisée et ne concourut pas, comme les Ursulines et les Augustines, à la diffusion de l’enseignement populaire et gratuit. Vers 1635, il y avait des internats dans presque tous les couvens de l’ordre. C’est avec intention que nous employons ces dernières expressions. A cette époque, en effet, la Visitation, qui n’avait été d’abord qu’une congrégation, était devenue, en