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mais elle accompagne une lettre pastorale, qui est de 1690 et n’appartient pas par conséquent à l’époque qui nous occupe. Nous ne nous ferons pas, toutefois, scrupule de nous en servir parce qu’elle ne doit pas différer beaucoup de celle qui était en vigueur quarante ans plus tôt. Les enfans étaient rangés, suivant le degré où ils étaient parvenus, sur quatre ou cinq bancs. Les plus avancés, ceux qui apprenaient à lire le français et la lettre écrite, à écrire et à compter, occupaient le premier. Sur le second se plaçaient ceux qui lisaient assez bien dans leurs Heures. Le troisième réunissait ceux qui ne savaient qu’épeler et assembler les mots. Le quatrième se composait de ceux qui apprenaient leurs lettres et s’exerçaient à former les syllabes. Les élèves lisaient dans le même livre, les plus avancés dans le Pédagogue chrétien ou le catéchisme du diocèse par exemple, ceux du second degré dans les Heures diocésaines, ceux du troisième ou du quatrième dans des alphabets. L’enseignement de la lecture était simultané, chaque élève lisant tout bas ce que l’une de ses compagnes lisait tout haut et, pour s’assurer que l’attention était générale, la maîtresse faisait continuer la lecture à haute voix par une enfant dont le tour n’était pas arrivé. Les leçons étaient courtes, elles ne duraient pas au delà de deux pages pour les élèves du premier degré et d’une page pour les autres. Les statuts des Augustines de Notre-Dame recommandent de veiller à l’observation de la ponctuation, de rectifier l’accent local et la mauvaise prononciation et, dans les petites écoles, on y veillait aussi.

On n’enseignait l’écriture qu’à celles qui savaient lire. Les maîtres-écrivains, pour faire briller leur habileté et se rendre nécessaires, en avaient fait une calligraphie difficile. Erasme critiquait déjà le luxe de fioritures auquel ils se livraient. Ils s’étaient séparés en 1570 des maîtres d’école et dès lors, ils avaient toujours tendu à s’assurer le monopole de cet enseignement, à le faire séparer, à leur profit, des attributions des maîtres et des maîtresses de l’enseignement primaire. En 1578, ils introduisirent une instance pour leur faire interdire complètement les leçons d’écriture, mais ils furent déboutés par un arrêt du 15 janvier 1580. En 1598, ils obtinrent du Châtelet une sentence qui ne permettait aux maîtres d’école d’enseigner à écrire que par monosyllabes, mais cette sentence ne fut pas confirmée par le Parlement qui défendit seulement à ceux-ci de se livrer à cet enseignement