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LES
INDIGÈNES ALGÉRIENS

I
LA SUPPRESSION DES ANCIENNES INSTITUTIONS ET LA DÉSAGRÉGATION DE LA SOCIÉTÉ ARABE

La suppression des anciennes institutions et la désagrégation de la société arabe.

La question des indigènes est la question capitale en Algérie. De la solution qu’on lui donnera dépendent à la fois le bien-être des indigènes, l’enrichissement du colon, la prospérité de la colonie et la sécurité d’un empire africain qui se dressant en façade sur la Méditerranée s’étend jusqu’aux rives du Congo. Ignorant au début les mœurs et les coutumes des populations ainsi que leurs conditions particulières d’existence, nous avons été entraînés à toutes sortes d’erremens. Ne connaissant ni l’organisation de la propriété indigène ni les règles du Coran qui régissent cette propriété, nous avons dépossédé les indigènes d’une notable fraction et de la meilleure partie de leurs terres. Nous avons transformé leurs institutions administratives, civiles et judiciaires, et avons cherché à y substituer les nôtres sans tenir compte des différences de climat, de genre de vie et d’habitudes. Il en est résulté chez la généralité des indigènes une situation matérielle que tout le monde aujourd’hui convient de regarder comme fort précaire. Cet état de misère coïncidant avec l’accroissement d’une population à forte natalité a créé une situation économique telle qu’il ne faut plus songer à réduire encore l’étendue des surfaces cultivées des indigènes, mais prendre au contraire les mesures propres à sauvegarder ce qu’il leur reste de terres, en même temps que nous devons proportionner