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leur part contributive dans la répartition des impôts à leur avoir et à leurs revenus. Nous devons aussi chercher à les rapprocher de nous au moyen de l’école et en leur faisant sentir qu’il y va de leur intérêt. Quoi qu’on en ait dit, ce rapprochement est possible, car ils sont perfectibles. Divers indices montrent même que, malgré les conditions inférieures dans lesquelles se trouve la généralité d’entre eux par suite de leur appauvrissement, le relèvement du monde musulman algérien est manifeste : les indigènes s’instruisent, travaillent et ont pris conscience qu’ils se créeront ainsi un avenir. Leur intérêt, celui des colons, celui de la mère patrie sont d’accord pour que nous aidions à ce relèvement : c’est ce que nous avons enfin compris et nous savons aujourd’hui que le meilleur moyen de maintenir l’autorité métropolitaine dans ce pays et dans le reste de l’Afrique musulmane est de s’y faire aimer des indigènes, de se concilier leurs bonnes grâces, de faire vivre en paix, sans heurts, conquérans et vaincus ; en un mot, d’user, à l’égard de nos sujets musulmans, d’une politique d’association largement pratiquée.


I. — L’ESSAI DU SYSTÈME DE PROTECTORAT EN ALGÉRIE

Au moment de la conquête, les élémens indigènes de races diverses. Berbères, Arabes, Maures, qui composaient le fond de la population algérienne, étaient régis par des institutions politiques, économiques et sociales remontant à un temps immémorial. Le gouvernement était une sorte de république militaire à la tête de laquelle était un Conseil suprême, le Divan ou l’Odjak, formé exclusivement de soldats de fortune, étrangers au pays, qui confiait le pouvoir exécutif, pour une période de trois ans, à l’un d’eux, le dey. Celui-ci avait une autorité absolue et déléguait une partie de ses pouvoirs à trois beys vivant à Constantine, Médéah et Oran. Pour maintenir tout le pays sous sa domination, il suffisait au dey de quelques escouades de soldats répartis dans les localités importantes. Des indigènes auxiliaires, auxquels on donnait des terres de culture, un cheval, des instrumens de travail, étaient chargés de surveiller les routes et de fournir des cavaliers et groupés sur certains points du territoire, à la fois soldats et agriculteurs, formaient des sortes de tribus militaires qu’on nommait tribus maghzen. L’intérieur