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Méditerranée, qu’une seule base navale, Toulon, qui aurait eu à faire face à Malte et à Gibraltar en cas de conflit avec l’Angleterre ; à la Spezzia et à la Maddalena, en cas de conflit avec l’Italie. Les chefs de la marine signalaient avec insistance combien la situation de nos escadres était précaire avec cette unique base de ravitaillement dont elles pouvaient être coupées.

Une armée en campagne ne s’avance qu’autant qu’elle a pourvu à la sécurité de ses communications avec sa base d’opérations. Au cas où elle se heurte à une force supérieure, la route de la retraite est ainsi assurée. En marine il n’en est pas de même. Une escadre qui prend la mer perd, par le fait même, toute relation avec sa base. Si une force supérieure se tient délibérément sur la route de la retraite, il faudra, coûte que coûte, accepter le combat avant que les soutes à charbon soient entièrement vidées. Cette situation en l’air d’une escadre est inhérente à la nature même des opérations maritimes. Le meilleur moyen d’en atténuer les inconvéniens consiste à posséder, sur la même mer, une seconde base navale, convenablement choisie. La nécessité de deux bases navales se correspondant sur la même mer, peut être considérée comme une des règles de la stratégie navale.

Cette règle, non encore formulée d’une façon précise, avait été très justement pressentie par les amiraux commandant nos escadres méditerranéennes. Ils avaient fait étudier depuis longtemps tous les points du littoral de la Provence et de l’Algérie pour trouver où placer cette seconde base navale qui leur manquait comme soutien de Toulon.

Aucune des solutions proposées n’avait été jugée entièrement satisfaisante. Le lac de Bizerte répondait à presque toutes les exigences du problème, mais à ce moment nous n’en pouvions pas encore disposer. Dès que les circonstances le permirent, on y jeta les bases d’un puissant arsenal. La situation de nos escadres méditerranéennes en fut grandement améliorée.

Pendant que la France fortifiait d’une façon si logique sa position dans la Méditerranée, l’accroissement de la puissance navale que nous avons analysé au début de cette étude, se produisait en maints endroits du globe. Les nations qui avaient ressenti le plus fortement cette poussée vers la puissance maritime, se trouvaient n’être pas riveraines de la Méditerranée. Par suite de la présence des flottes américaines dans