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sympathie pour l’amitié et le commerce européens que pour l’amitié et le commerce des États-Unis[1]… »

Aussi bien, les Etats-Unis espèrent dans l’esprit de solidarité et les intérêts communs des peuples de l’hémisphère occidental pour empêcher une scission malheureuse, — et si grosse peut-être pour eux de conséquences économiques — de se produire. « Pour si différens que nous soyons à bien des égards, — disait M. Root à Rio-de-Janeiro, — nous sommes cependant semblables en ceci, que nous travaillons tous, sous de nouvelles conditions et dégagés des obstacles que crée la tradition au Vieux Monde, à la solution du même problème : l’organisation du gouvernement populaire… Il n’y a pas un de nos pays qui ne puisse rendre quelque service aux autres ; il n’y en a pas un qui ne puisse recevoir quelque service des autres ; il n’y en a pas un qui ne bénéficiera de la prospérité, de la paix et du bonheur de tous. » Ce même sentiment a été exprimé par les orateurs sud-américains. M. Joaquim Nabuco s’adressant à la Conférence disait : « La réunion périodique de ce corps, composé exclusivement de nations américaines, signifie assurément que l’Amérique forme un système politique séparé de celui de l’Europe, une constellation qui a son orbite distinct. » « Ces congrès, — lui répondait M. Cornejo, délégué du Pérou, — sont le symbole de cette solidarité qui, en dépit des passions éphémères des hommes, constitue, par la force invincible des circonstances, l’essence de notre système continental. » M. Luis M. Drago, dans le discours qu’il adressait à M. Root, à Buenos-Ayres, déclarait : « Le patriotisme éclairé a enfin compris que l’Amérique, en raison des nations qui la composent, de la nature des institutions représentatives que ces nations ont adoptées, du caractère même de leur peuple, à l’abri comme elles se sont trouvées des conflits et des complications des gouvernemens européens, et même par la gravitation des circonstances et des événemens particuliers, constitue un facteur politique séparé, un nouveau et vaste théâtre pour le développement de la race humaine, qui servira de contrepoids aux grandes civilisations de l’autre hémisphère, et maintiendra ainsi l’équilibre du monde. »

Sans doute, l’idée d’une similitude d’intérêts, d’un ensemble de conditions communes, se présente à l’esprit lorsque, regardant

  1. Au Congrès commercial du Trans-Mississipi, à Kansas City, novembre 1906.