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CONSPIRATEURS ET GENS DE POLICE

DERNIÈRE PARTIE[1]
L’AVENTURE DU COLONEL FOURNIER ET LA MYSTÉRIEUSE AFFAIRE DONNADIEU


I. — L’APPEL AU PEUPLE

La France poursuivait cependant le cours de sa destinée douloureuse, et vivait, en ce moment, une des plus tristes heures de se vie d’impuissante agitation.

Un grave événement politique s’était accompli durant le mois de floréal : le Sénat avait refusé à Bonaparte la dictature qu’il convoitait. Mais la résistance de ceux qui dirigeaient l’opposition, les Siéyès, Garat, Lambrechts, Lanjuinais, Destutt-Tracy, Grégoire, s’était montrée plus sournoise que vraiment courageuse. Ils avaient surtout finassé, feignant de ne pas comprendre, et l’histoire de leur furtive intrigue serait plaisante à raconter. De petites perfidies, mots chuchotes dans les couloirs, épigrammes, ironiques sourires, gestes d’ahurissement, avaient seules témoigné la bravoure des « derniers Romains. » Pourtant le Sénat consulaire n’était pas encore cette assemblée de comtes impériaux, si magnifiques sous la toque à panache, mais dont le nom est resté synonyme de lâche complaisance. Fils de la

  1. Voyez la Revue des 1er avril, 1er mai, 1er juin 1908 et 1er juin 1909.