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permettent. Le quartier général des troupes d’occupation de la Mandchourie est à Tiéhling. Les Japonais ont la faculté de conserver indéfiniment au cœur de la Mandchourie une forte division de campagne, puisque le traité de Portsmouth leur accorde quinze soldats par kilomètre de voie ferrée et, d’autre part, ils peuvent garder en réserve à Port-Arthur autant d’hommes qu’il leur plaît. Le pont sur le Yalu et l’unification du chemin de fer Moukden-Antung avec la ligne Wiju-Séoul vont donner une autre ligne de communication, et tout ceci agit à l’encontre du développement éventuel de la Chine.

D’autres causes de conflits possibles sont l’objet de discussions diplomatiques qui ne paraissent pas devoir se terminer à bref délai. On peut citer la question du chemin de fer de Fakumen : c’est la plus grave. On a parlé de la soumettre au tribunal de La Haye. La Chine prétend construire un chemin de fer parallèle au chemin de fer mandchourien. Les journaux officieux japonais écrivent : « La Chine n’a aucun intérêt à heurter les justes susceptibilités du gouvernement japonais pour favoriser des capitalistes étrangers. L’Angleterre estime que cette question du chemin de fer parallèle doit être laissée à l’appréciation des gouvernemens japonais et chinois, sans tenir compte des réclamations des étrangers. C’est là une opinion impartiale et juste. Le tribunal de La Haye n’a rien à voir dans nos affaires. Il est inconcevable qu’une puissance tierce prétende s’occuper de ces questions. » Le Japon ne paraît donc pas disposé à accepter des conseils. D’autres questions sont aussi en litige ; le refus du Japon de permettre à la Chine d’étendre le chemin de fer Nord Chinois jusqu’à Moukden ; la question des houillères ; l’extension d’une ligne jusqu’à New-Chuang ; la question de Chien-Tao. Quelles que puissent être les solutions, il faut admettre que le Japon ne permettra pas à l’étranger de se mêler de ses affaires. On vient de voir comment a été accueillie la proposition de soumettre la question de Fakumen au tribunal de La Haye. En fait, d’après le texte même des traités, le Japon est en Corée et en Mandchourie, et il entend y rester. Dès maintenant, ses nationaux y affluent, 5 000 à Lyao-Lyang , 10 000 à Dalny (Taïren), 8 000 à Antung, 12 000 à New-Chuang. Ils y sont parce que le gouvernement les y a poussés, et ils n’y seront pas abandonnés. Le Japon n’ignore pas qu’une certaine politique étrangère voudrait faire de la Chine un Etat tampon. Il n’y