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rapidement, et le gouvernement entreprit d’imposer l’étalon d’or. Le pays n’était pas seulement bi-métalliste, l’argent était la seule monnaie connue du peuple. C’était là un redoutable problème, que plusieurs nations européennes n’osent pas aborder et dont l’heureuse solution a valu au Japon un crédit considérable dans ses marchés avec l’étranger. L’étalon d’or fut adopté en 1896. Pour l’exécution, il fallait créer une forte réserve d’or : elle fut constituée au moyen de l’indemnité payée par la Chine à la suite de la guerre de 1894-95. Parmi les résultats de cette guerre figure la somme globale de 950 millions de francs payables en or à Londres. Dès lors, il fut arrêté que le gouvernement aurait l’autorité suprême dans les questions financières intérieures comme dans les questions internationales. La ligne de conduite, dorénavant suivie, se dégage des principes exposés par le célèbre philosophe anglais Herbert Spencer, dans une lettre adressée à un homme d’Etat japonais pour être communiquée au marquis Ito. Herbert Spencer mourut le 3 décembre 1903. La lettre, envoyée au baron Kanéko Kantaro, fut publiée par le Times de janvier 1904. Ce document concerne la politique que doit suivre l’Empire pour sauvegarder son indépendance. Il se résume ainsi : autant que possible, tenez les Américains et les Européens à longueur de bras. En présence de races plus puissantes, vous devez multiplier les précautions pour que l’étranger prenne pied chez vous aussi peu que possible. Ne laissez pas une nation prendre pied chez vous ; des collisions en résulteraient qui pourraient être dangereuses. N’accordez pas de privilèges aux étrangers. Surtout, qu’aucun étranger ne puisse posséder sur votre sol, pas même de location à bail , seulement des permissions de résider comme tenanciers annuels. Interdisez aux étrangers d’exploiter des mines, même celles qui sont possédées par le gouvernement ; ce seraient des sources de conflit exploitées contre vous, car en Angleterre comme ailleurs, chez tous les peuples civilisés, on a l’habitude de croire ce que les agens ou les marchands à l’étranger racontent. En troisième lieu, gardez le commerce côtier entre vos mains. Pour ce qui est du mariage entre Japonais et étrangers, il doit être strictement défendu. Ce n’est pas une question de philosophie, mais de biologie. Il est prouvé, aussi bien pour les hommes que pour les animaux, que quand des variétés mélangées divergent au delà d’un léger degré, le résultat est inévitablement mauvais.