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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 53.djvu/482

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devrait rester en monarchie ou devenir une république. Républicaine, la Grèce serait grandement affaiblie au dedans et plus encore au dehors. Monarchique, elle offrirait à qui consentirait à l’occuper un trône peu séduisant. Après avoir laissé tomber successivement une dynastie allemande et une dynastie danoise, on se demande à qui serait le tour. Les candidats ne manqueraient sans doute pas, on en trouve toujours ; mais de deux choses l’une : ou celui qui accepterait la couronne dans ces conditions amoindries serait un prince de second ou de troisième ordre qui serait flatté de devenir roi et auquel la Grèce donnerait plus qu’elle ne recevrait de lui, ou ce serait un prince de grande famille royale ou impériale qui, une fois sur le trône, y représenterait d’autres intérêts que ceux de la Grèce. Dans le premier cas, ce serait le couronnement d’une vanité, et dans le second, le succès d’une intrigue étrangère.

Mais pourquoi discuter une éventualité qui, nous voulons le croire, ne se réalisera pas ? Un coup de vent assez violent vient de souffler sur la Grèce ; l’armée a fait un acte dangereux ; mais le reste du pays est demeuré calme, et on n’a vu se produire, ni à Athènes, ni dans le reste du pays, l’approbation enthousiaste qui a accueilli le premier coup d’État des Jeunes-Turcs, en juillet 1908. Pourquoi ne pas espérer que la Chambre comprendra la situation et y fera face ? Des réformes "sont certainement nécessaires et il faut les faire : après quoi, il faut ramener chacun à son devoir et à sa fonction. Nous comptons sur le bon sens d’un pays qui en a montré beaucoup, en maintes circonstances, et qui n’a en Europe que des sympathies. Il en a surtout en France, et ce ne sont pas les moins désintéressées. Nous ne manquerons pas à la Grèce, nous l’avons montré dans les circonstances récentes ; mais nous souhaitons qu’elle ne se manque pas à elle-même, qu’elle reprenne son équilibre un moment troublé, et qu’elle comprenne que sa force principale, — elle la doit en grande partie au roi Georges, — est de n’avoir en Europe que des amis.


Il nous faudrait beaucoup plus de place que nous n’en avons à la fin de cette chronique pour rendre compte des divers mouvemens d’opinion qui se produisent en Angleterre à propos du budget. On a dit avec raison que celui de M. Lloyd George était une révolution, et en effet, si les principes nouveaux qui y sont appliqués viennent à se développer, comme il est naturel qu’ils le fassent, les mœurs de la vieille Angleterre en éprouveront un changement très sensible. Les grandes fortunes, qui se sont maintenues et même accrues dans ce