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de notre côté. » C’était la politique de Bismarck qui excitait les reptiles prussiens contre nous. En effet, quelque temps avant cet entretien de l’Empereur et du prince de Hohenlohe, Bismarck disait à celui-ci qu’« il serait nécessaire de se montrer un peu menaçant encore avant les élections. D’ailleurs, cette démonstration pourrait aussi bien se faire à Berlin qu’à Paris. » Il reconnaissait cependant lui-même que l’Empereur faisait mille obstacles à cette politique. « Au lieu de veiller à ce que la France demeurât désunie et incapable d’alliances, l’Empereur, dominé par l’influence de Gontaut-Biron, tenait toujours à l’ancienne politique d’Arnim ayant pour but la solidarité des intérêts conservateurs… Tant que Gontaut demeurait à Berlin, il existait une sorte de contre-ministère contre lequel il avait à lutter. » Le 14 décembre, le Cabinet Dufaure, où Waddington avait remplacé Decazes aux Affaires étrangères, rappelait M. de Gontaut-Biron, à la trop grande satisfaction du chancelier. Des relations amicales s’établirent bientôt entre Hohenlohe et Gambetta. Dans des entretiens familiers où l’on abordait une foule de questions, Gambetta déclarait que Léon XIII lui paraissait plus conciliant que son prédécesseur. « Il me disait que ses informations de Rome étaient favorables au nouveau Pape et concordaient avec les miennes. Toutefois, Léon XIII pouvait être dangereux, car il était capable d’endormir l’attention sur le péril clérical. »

Au congrès de Berlin, Hohenlohe avait été chargé de figurer auprès du chancelier et du secrétaire d’Etat, M. de Bülow, afin de pouvoir dire au roi de Bavière que, par égard pour lui, on avait envoyé à cette réunion solennelle un grand officier de sa couronne. Il y servit en réalité de secrétaire intime à Bismarck. Ses notes ne nous apprennent rien de particulièrement nouveau sur les décisions du Congrès.

Revenu à Paris au commencement de 1879, il continua à suivre la politique de Gambetta, qui l’intéressait au plus haut degré. Il fallait s’attendre en France à toute sorte d’événemens. Les prévisions de l’ambassadeur étaient devenues pessimistes. « On ne peut dire jusqu’où les Jacobins entraîneront la République. Dans tous les cas, nous ferons bien, écrivait-il, de ne pas perdre les choses de vue. Car la République radicale est capable des pires folies : Kulturkampf, guerre contre l’Allemagne, etc. Je crains que les Jésuites n’entraînent la République aux pires excès. » Il est à remarquer que le catholique Hohenlohe, comme