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à avoir moins peur de ma réputation, et les préventions, si longtemps entretenues par des amis, peu à peu se dissipent… »


Vérone, ce 5 novembre 1822.

« Ah ! si vous ne régnez, vous vous plaignez toujours !


« Vous régnez pourtant, et cela ne vous empêche pas de vous plaindre : voilà vos jugemens ! je n’ai pas reçu un seul mot de Mme R[écamier] ; quant à cette pauvre femme qui était à l’infirmerie, vous ignorez que la supérieure est sa cousine : vous devriez mourir de honte… Voulez-vous savoir ma vie ? Je me lève à sept heures et demie, je déjeune à huit heures et demie avec Hyacinthe : à dix je m’habille. Mathieu m’envoie chercher, ou je vais chez lui parler des affaires ; à midi, je rends ou je fais quelques visites, à trois heures, je vais me promener seul ; à cinq, je dîne avec mes jeunes gens ; à neuf, je me couche, s’il n’y pas congrès chez M. de Metternich. On ne voit ni princes, ni empereurs. Chacun vit à part de son côté…

« Je passerai par Gênes que je ne connais pas, et après cela, je renonce à tout voyage. J’en ai assez. »


Vérone, ce 11 novembre 1822. — «… Je vous parlerai à fond du Congrès dans ma grande lettre qui partira demain et qui vous arrivera peut-être aussitôt que ce billet. Reconnaissez-moi donc au moins la vertu de l’exactitude…

« Henri [de Rauzan] se porte toujours bien. Nous avons tous été souffrans d’un mal peu agréable pour un Congrès. Nous sommes tous guéris : on attribue cela à l’eau du pays. Jugez toutes les plaisanteries que feront sur nous les libéraux… »


[Paris, 27 décembre 1822]. — « Que de pauvretés !

« Ayez pitié de moi et non de vous ! Le Roi m’a donné l’ordre d’accepter. J’ai obéi, mais comme un homme qu’on mène à la potence. J’y périrai, et vous en savez la cause. Je ne puis vous dire si je pourrai vous voir ce soir. Je l’essaierai. »


Samedi [28 décembre 1822]. — « Monsieur, au lieu de me presser d’accepter, m’a serré dans ses bras ut m’a dit que j’agis sais comme un héros, et qu’il approuvait mon retour à Londres où d’immenses affaires m’attendaient. Qui est-ce qu’on attrape ?