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LE PRINCE DE BÜLOW.

demande une « hausse sérieuse » des tarifs, il n’oppose aucune objection[1]. En juin, il réunit les hauts fonctionnaires de l’Empire et les représentans des principaux Etats pour étudier la question. Et, le 29 juillet, il fait publier le projet de tarif, qu’il soutient le 12 décembre en première lecture devant le Reichstag. Un an par conséquent après son arrivée aux affaires, il donne satisfaction au vœu principal des conservateurs agrariens, affirmant ainsi le prix qu’il attache à leur concours.

Pour beaucoup d’entre eux, toutefois, cette satisfaction n’est pas suffisante. Une élévation de droits de 20 marks par tonne pour le froment, de 15 marks pour le seigle, de 10 marks pour l’orge, de 22 marks pour l’avoine, ne répond pas encore à leurs exigences. Comme, d’autre part, les socialistes et une partie de la gauche sont hostiles au principe même du nouveau tarif, le gouvernement risque de se trouver sans majorité, s’il ne réussit pas à ramener à ses propositions une partie des conservateurs et le Centre catholique, et à constituer ainsi un bloc plus fort que les deux extrêmes réunis. C’est la première fois que va se trouver à l’épreuve sur le terrain parlementaire la diplomatie de M. de Bülow. Tout d’abord, on le sent hésitant devant le bluff agrarien. Il procède par avertissemens et déclare dans des notes officieuses que les gouvernemens confédérés sont unanimement décidés à considérer toute augmentation des droits portés au tarif minimum ou toute autre aggravation des obligations de douane (certificats d’origine, etc.,) comme des outrances de nature à compromettre le projet lui-même[2]. Le 7 février, au banquet du Conseil de l’agriculture, il renouvelle ses conseils de modération. Ni les conseils, ni les avertissemens ne produisent d’effet. La Commission propose de hautains compromis que le gouvernement repousse sous les huées (26 février). Elle exige et elle obtient des indemnités pour ses membres (28 avril). Au Reichstag, elle met un moment en échec le vote nécessaire de la révision de la Convention de Bruxelles relative au régime des sucres[3]. Le 2 juin, elle cherche un appui au Landtag de Prusse et fait présenter dans cette assemblée une motion invitant le gouvernement prussien à faire au Conseil fédéral tous ses efforts pour obtenir des autres Etats des droits sur les céréales supérieurs à

  1. Chambre des Seigneurs de Prusse, 28 mars 1901.
  2. Gazette de l’Allemagne du Nord, 4 février 1902.
  3. Reichstag, 6 mai 1902.