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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 53.djvu/94

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s’agissait de régler n’était point bonne. Le budget constatait qu’en quatre ans, de 1899 à 1903, les États confédérés avaient versé à l’Empire, sous forme de « contributions matriculaires, » une somme supérieure de 119 millions à celle qu’ils avaient reçue de lui sous forme d’ « allocations. » D’autre part, la dette avait passé de 20 millions en 1877 à 4 milliards et demi. Il fallait, tout compte fait, trouver 230 millions de plus par an. Dans le plan Stengel, les taxes sur la bière et le tabac ne faisaient qu’élever le taux d’impôts anciens, — ci 60 millions. Un impôt sur les transports (voyageurs, marchandises, automobiles, etc.) promettait 40 millions. Un droit de timbre (10 pfennig pour toute facture de plus de 20 marks) devait donner 16 millions. Enfin un impôt d’Empire sur les successions, à substituer aux impôts identiques des Etats particuliers, devait produire 72 millions, dont un tiers serait reversé aux Etats. Après la discussion en Commission et au Reichstag[1], les projets du gouvernement furent sensiblement modifiés. Réduction du droit sur la bière, abandon partiel du droit sur le tabac, abandon total du droit de timbre de 10 pfennig, tels étaient les principaux changemens. Le vote, acquis le 19 mai, valut au chancelier, malade depuis avril, les félicitations chaleureuses de l’Empereur. Cette réforme, tout empirique, n’était cependant pas suffisante pour assurer l’avenir et donner à l’Empire les ressources qu’exigeait la pratique simultanée de la politique sociale, de la politique militaire, et de la politique navale[2].

L’heure approchait du reste où devait se briser cet instrument commode. Et sans que nul encore prévît cette rupture, on sentait peser sur l’Allemagne une gêne politique, annonciatrice des orages prochains. La crise marocaine terminée, l’impression se généralisait que, pour l’Empire, le résultat n’était point égal à l’effort. Cette impression se tournait en rancune contre le chancelier et contre l’Empereur même, qui, en cette affaire, avait mis en jeu ses initiatives personnelles. Un vent de révolte intellectuelle soufflait de toute part. Et les dogmes les mieux respectés trouvaient désormais des censeurs. Une série de scandales nourrissait d’ailleurs l’esprit d’indiscipline. Ç’avait été

  1. Reichstag (janvier-novembre 1905).
  2. Grâce à ces impôts nouveaux, le chancelier fit voter par la coalition du centre, des conservateurs et des nationaux-libéraux une nouvelle augmentation de la flotte (loi du 26 mai 1906).