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liberté d’écrire les Annales d’une Compagnie dont la première règle, c’est de se tenir fort cachée. La même difficulté me frappa l’esprit aussitôt que je fus chargé de travailler à cet ouvrage, et voici ce que j’ai cru pouvoir y répondre : c’est une Compagnie qui n’est plus, mais qui peut renaître quelque jour, et il n’est pas juste de laisser périr la mémoire de tant d’entreprises héroïques de piété et de tout ce que le vrai zèle a produit d’important pour la gloire de Dieu pendant trente-trois années. »

Souhaitons que les détenteurs de documens qui concernent la Compagnie du Saint-Sacrement, sans avoir la même arrière-pensée que le pieux M. d’Argenson, se répondent comme lui. Nous voyons déjà que l’entreprise dont le duc de Ventadour, en juin 1627, s’ouvrait au Père capucin Philippe d’Angoumois et à l’abbé de Grignan, n’a pas seulement duré « trente-trois années. » Ce qu’il serait intéressant maintenant de savoir, pour l’histoire religieuse et sociale de la France, c’est si, dans les villes où la Compagnie se soutint, — plus ou moins ignorée des pouvoirs civils et de l’Église même, — elle continua de travailler, et jusques à quand, en vue d’oeuvres particulières et locales, avec la vigueur et l’habileté qu’elle avait mises à Paris, entre 1627 et 1666, à entreprendre les réformes les plus diverses et les innovations les plus vastes.


ALFRED REBELLIAU.