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GOTHARD ET SIMPLON
À PROPOS DE DEUX CONFÉRENCES INTERNATIONALES DE 1909

C’est à qui s’ingénie et s’acharne à transpercer les Alpes. Un tunnel est à peine achevé qu’un autre est entrepris. Depuis plus de cinquante ans, des multitudes disciplinées d’ouvriers sont, en un point ou en un autre de la puissante chaîne alpine, occupés à forer d’étroits et réguliers couloirs souterrains pour procurer accès et passage aux lourdes théories noires que mènent les locomotives.

Marchands, soldats ou pèlerins ont de tout temps traversé l’énorme et complexe bastion de l’Europe centrale, et les deux cols célèbres, le Grand et le Petit, mis sous le vocable de Saint-Bernard, — Saint-Bernard de Menthon, le zélé patron hospitalier des voyageurs — ont compté jadis parmi les chemins les plus fréquentés de tout le monde occidental. Le Septimer était alors le col principal de la Rhétie. Mais nos masses croissantes de marchandises et nos foules humaines de plus en plus pressées et haletantes, ne peuvent ni ne veulent plus monter jusqu’à de pareilles altitudes : il faut que la voie ferrée s’enfonce en plein cœur dans la montagne pour économiser ces deux richesses souveraines, l’énergie et le temps, dont le relief des hautes Alpes exige la trop coûteuse dépense. C’est donc par un souci d’économie bien comprise que tant de millions ont été consacrés à faire des trous.

Cinq grandes lignes ferrées traversent les Alpes : les deux premières ont été celles du Semmering (de Vienne à Venise), terminée en 1854, et celle du Brenner (d’Innsbruck à Vérone),