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POÉSIES


SOCRATE


La nef sacrée était enfin rentrée au port ;
De beaux enfans, heureux de revoir leur patrie,
Dansaient vêtus de blanc sous la treille fleurie
Où l’arôme du myrte errait, suave et fort.

Jour de fête ! et pourtant, des hommes sur le bord
Du Céphise, en pleurant marchaient par la prairie,
Une femme frappait sa poitrine meurtrie,
Et le cygne au vallon chantait un chant de mort.

L’Hymette se couvrait d’ardentes violettes,
Le soleil fugitif, s’attardant sur les crêtes
Du mont Parnès, ensanglantait tout l’horizon.

Mais une aube plus haut se levait solennelle,
Car ce soir-là, Socrate, ayant bu le poison,
Montait plein d’espérance à la vie éternelle.


LES TÉMOINS


Soldats qui reposez dans les sillons, tandis
Que les clairons joyeux proclament la victoire
Sans réchauffer vos cœurs à jamais refroidis,

Que vos noms doivent luire aux pages de l’histoire
Ou sombrer dans l’oubli, pour vous sonne le glas ;
Vous êtes la rançon, l’offrande expiatoire.