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L’intelligence a primé chez lui, et même déprimé ses autres facultés. Quoi qu’il en soit, la Belgique a été heureuse d’avoir été successivement gouvernée par deux princes comme Léopold Ier et Léopold II. L’un et l’autre ont été merveilleusement adaptés à la période historique à laquelle ils ont présidé, période de fondation d’abord et de développement ensuite. Les premières paroles d’Albert Ier donnent à croire qu’il sera leur digne héritier. Ceux qui le connaissent disent de lui qu’il est un homme appliqué, studieux, ouvert aux idées modernes, d’une conscience droite et ferme, doué enfin de toutes les qualités d’un roi constitutionnel. C’est ce que nous souhaitons à la Belgique : son troisième roi ne saurait mieux faire que de s’inspirer de ses deux devanciers.


Le Reichstag allemand est rentré en session il y a un mois, et l’empereur Guillaume lui a adressé à cette occasion un discours dans lequel, après avoir énuméré les divers projets de loi qu’il aurait à discuter et à voter, il a dit quelques mots de la situation extérieure. Ces quelques mois ont été à la fois satisfaits et satisfaisans. « Pour assurer au peuple allemand, a dit l’Empereur, un développement pacifique et fort, mon gouvernement applique ses efforts continuels à entretenir et à affermir ses relations pacifiques et amicales avec les autres puissances. Je constate avec satisfaction que l’accord conclu avec le gouvernement français relativement au Maroc s’est exécuté dans un esprit qui répond tout à fait à mon but de concilier les intérêts des deux côtés. On a célébré avec reconnaissance, tant en Allemagne qu’en Autriche, le trentième anniversaire de l’alliance, qui, par l’accession de l’Italie, s’est élargie dans la Triplice. J’ai la confiance que l’union des trois Puissances alliées conservera aussi à l’avenir sa force pour le bien des peuples et le maintien de la paix. Et maintenant, messieurs, je vous souhaite le plein succès de vos travaux pour le salut de l’Empire. » Ces paroles de l’Empereur auraient, presque pu se passer de commentaires, tant elles étaient nettes : les discours de M. de Bethmann-Hollweg et de M. de Schoen n’ont fait d’ailleurs que les confirmer.

On attendait le nouveau chancelier à ses débuts au Reichstag. M. de Bethmann-Hollweg est un orateur froid, réfléchi, mesuré, très maître de lui, ne disant que ce qu’il s’est proposé de dire et le disant très bien : ce sont là des qualités qui, pour être différentes de celles de son prédécesseur, n’en sont pas moins très grandes et qui suffisent à exposer une politique, à l’expliquer, à la défendre. Il ne faut pas