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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/239

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oublier toutefois que le chancelier, pas plus d’ailleurs que les ministres ne dépend du Reichstag : il n’est, ils ne sont responsables que devant l’Empereur, c’est là une des bases de la Constitution. Le prince de Bismarck aimait à le rappeler ; il y trouvait pour lui une force dont il était très fier, jusqu’au jour où son maître l’a remercié de ses services. Tous ses successeurs ont tenu, comme lui, à affirmer leur indépendance à l’égard du parlement, ce qui n’a pas empêché le dernier d’entre eux, le prince de Bülow, de donner sa démission aussitôt qu’il s’est trouvé en minorité dans l’Assemblée. On a dit de lui qu’il avait, plus ou moins consciemment, poussé la Constitution impériale dans le sens du parlementarisme : peut-être y a-t-il du vrai dans cette allégation. Quoi qu’il en soit, en prenant sa retraite, le prince de Bülow est rentré dans le rang avec bonne grâce, comme le prince de Bismarck l’avait fait autrefois avec une fureur tout homérique, et la Constitution impériale a repris ses vieilles allures. « Les partis, a dit M. de Bethmann-Hollweg, ont jusqu’à présent refusé catégoriquement et continuent à refuser d’être des partis de gouvernement. Je le comprends fort bien pour ma part. De même aucun gouvernement ne peut être en Allemagne un gouvernement de parti. Cette situation, qui provient de l’organisation même des partis et de nos institutions, n’a été modifiée en aucune façon par la crise récente. » Si M. de Bethmann-Hollweg comprend que les partis refusent en Allemagne d’être des partis de gouvernement, nous ne le comprenons pas moins bien que lui. Puisqu’on ne leur donne pas nécessairement le gouvernement lorsqu’ils ont la majorité, il est tout naturel qu’ils ne veuillent pas être des partis de gouvernement ; leur indépendance est la pondit ion de leur dignité ; et il est tout naturel aussi que le gouvernement se déclare en dehors d’eux. C’est une forme politique qui a ses mérites, qui a aussi ses faiblesses, qui fait bon marché des hommes, même des plus grands, même des plus intelligens et des mieux doués, mais sur laquelle nous n’avons aucun jugement à porter.

Tout cela regarde l’Allemagne : dans les discours du chancelier de l’Empire et du ministre des Affaires étrangères, nous cherchons surtout ce qui nous regarde nous-mêmes. « En ce qui concerne le Maroc, a dit, eu substance, le chancelier, il y a, depuis l’accord de février, un constant échange de vues entre la France et l’Allemagne et, grâce à la bonne volonté réciproque, il a été possible d’arriver à une entente sur des points importans. Les résultats acquis nous donnent la conviction que l’on arrivera, par les mêmes procédés, à une solution en rapport avec l’importance des intérêts allemand