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lisme : je suis donc un des promoteurs du Comité électoral du IIIe arrondissement. Eh bien ! je vois des hommes, ayant un pied dans la Commune, s’agiter et relever la tête. La leçon ne leur a pas profité. Hélas ! les Français en profitent rarement. Et, sous le couvert de républicanisme avancé, des hommes comme B*** qui en dessous main ont soutenu l’insurrection, se portent candidats. Quant à notre rôle, nous n’avons pas autre chose à faire que de soutenir l’Assemblée et M. Thiers, le seul homme d’Etat que nous possédions… Qu’avons-nous après lui ?

Il est bon pour maintenir le statu quo, mais saura-t-il s’affranchir assez des vieilles pratiques, pour être un réorganisateur ? Il sera vite démonétisé, comme cela arrive chez nous à tout homme qui tient le timon des affaires. S’il venait à nous manquer, je ne serais pas surpris qu’on ne fût réduit à élire le Duc d’Aumale. L’Assemblée est monarchique, mais elle sent la nécessité de garder M. Thiers au pouvoir.

On a dit à tort, dans les Débats, que la Commune n’avait pas fait tirer sur les Archives parce qu’elle y avait installé son intendance. Cette dernière n’était pas installée chez nous, mais à côté, à l’École des Chartes, et ce n’est qu’après le départ de l’intendant de la Commune qu’on a tiré sur nous.

Je suis allé l’autre dimanche à Meaux, pour affaires. On y avait encore force Prussiens ; ils s’y conduisent bien. La ville, quoique ayant eu à payer d’énormes contributions de guerre, réussit à s’en tirer. Les fermiers qui vendent des vivres ou fourrages aux Prussiens gagnent, dit-on, beaucoup d’argent, Tant il est vrai qu’il y a, en France, un fonds de richesses, qui serait une bien grande ressource, si l’état moral n’était pas si mauvais. Je crains que nos ennemis ne cherchent à entretenir ce fâcheux état d’esprit, pour profiter de notre abaissement. Il est probable que ma conduite aux Archives, pendant la Commune, m’en fera maintenir la direction. J’ai repris, depuis trois semaines, mes leçons au Collège de France.

Depuis le 25 mai, date de notre délivrance par les troupes nationales, nous n’avons pas cessé d’avoir des troupes. Le général Carteret-Trécourt avait établi son quartier général ici ; maintenant, je n’ai plus qu’une compagnie d’infanterie dont les soldats bivouaquent dans la cour. Je loge dans mon appartement, depuis quatre semaines, un commandant et trois autres officiers. Mais la première semaine, les Archives ressemblaient à une