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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/574

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pas défendables et qu’elle serait obligée de se réformer. Une des critiques le plus généralement et le plus justement dirigées contre elle est celle-ci. Il y a 606 pairs tant spirituels que temporels. Sur ce nombre, il n’y en a guère que cent cinquante à cent quatre-vingts qui prennent habituellement part aux débats. Les autres viennent rarement ou ne viennent jamais. On prétend que, lors du dernier vote, un certain Lord est venu pour la première fois et que, ne connaissant pas les lieux, il est entré à la Chambre des Communes. Beaucoup sont très jeunes, assez ignorans et ne font pas ce qu’il faudrait pour s’instruire. Aussi, cet état de choses ne saurait-il durer. Lansdowne, Balfour, Curzon, dans leurs discours, ont tous parlé de la réforme de la Chambre des Lords. Sir John Morley, aujourd’hui lord Morley, lord Roseberry avaient proposé autrefois des plans de réforme et peut-être la Haute Assemblée eût-elle été bien inspirée si elle les avait écoutés plus tôt, car il est dangereux pour un grand corps d’être amené à reconnaître, en pleine bataille, qu’il lui faut se réformer.

En quoi consisterait cette réforme ? Les uns parlent de déchéance prononcée contre les pairs qui n’exerceraient pas leur fonction ou en seraient indignes, car on peut être interdit ou en état de déconfiture, et cependant continuer à prendre part à la confection des lois. On parle aussi de l’élection par les Lords eux-mêmes d’une sorte de délégation composée des deux cents plus capables et plus dignes qui exercerait par procuration les pouvoirs de la Chambre. Lequel de ces projets ou d’autres encore l’emportera, c’est impossible à dire ; mais une chose est pour moi hors de doute, c’est que, même si les Unionistes triomphent, une réforme de la Chambre des Lords s’imposera.

Une seconde question qui est en passe de devenir la première est celle du Tariff Reform. La place que tient cette question dans la polémique des journaux devient de plus en plus grande et, dans les meetings auxquels j’ai assisté, surtout dans ceux qui avaient un caractère populaire, elle m’a semblé passionner beaucoup plus que la question constitutionnelle. L’Angleterre traverse une crise commerciale incontestable. Le gouvernement essaie de le nier, mais faiblement. Elle est inondée de produits étrangers à bon marché, spécialement de produits allemands, car je constate que dans les journaux il est peu question de la concurrence française. Au contraire, l’Allemagne