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L’IMPÔT SUR LE REVENU
SOUS
L’ANCIEN RÉGIME

On se rappelle un incident survenu au début de l’année dernière, lors de la discussion de l’impôt sur le revenu à la Chambre des députés. En des discours véhémens, le ministre des Finances et le rapporteur du projet avaient fait le procès de nos contributions directes ; avec une égale acrimonie, ils leur avaient reproché d’être surannées et injustes, de n’être plus en harmonie avec le développement économique et social du pays. La France, s’écriait M. Caillaux aux applaudissemens de l’extrême gauche, se doit à elle-même de ne pas demeurer réfractaire au progrès ; elle a le devoir, par l’établissement d’un impôt général sur le revenu, de donner satisfaction aux besoins de la démocratie, de réaliser une réforme que la plupart des monarchies de l’Europe ont depuis longtemps introduite dans leur législation.

MM. Théodore Reinach et Jules Roche protestèrent contre les allégations du ministre. L’impôt sur le revenu, dirent-ils, n’est nullement « une nouveauté, une innovation des temps modernes, » c’est la résurrection d’un système fiscal qui a été pratiqué dès l’antiquité, qui a fonctionné à Athènes, à Rome, à Florence ; c’est le rétablissement sous un nom différent de la taille, de la capitation, des vingtièmes, de toutes ces contributions personnelles que l’Ancien Régime avait multipliées et qu’un