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JEANNE D’ARC[1]

III[2]
L’ABANDON


I
L’an mil quatre cens vingt et neuf
Reprint à luire le soleil…


Voilà, en deux vers sincères et délicieux, tout l’effet de l’apparition de Jeanne d’Arc. Cette bonne Christine de Pisan, âgée de soixante-sept ans, les écrivait avant de mourir, au moment où les temps se tournaient « de grand deuil en joie nouvelle. » Personne n’espérait plus la veille : tout paraît assuré le lendemain ; la volonté divine est intervenue.

De toutes les parties de la France, le même sentiment fait explosion :


Si rabaissez, Anglois, vos cornes ;
Matés êtes sur l’échiquier.


Et encore :


Arrière, Anglois coués, arrière,
Par le vouloir de Roy Jhésus.


On demande au Bourgeois d’Orléans s’il croit vraiment que le grand effort fait par les armées du roi Charles VII n’eût pas suffi pour délivrer la ville ; il le nie fortement : « Demande si la ville a été délivrée par l’intervention de la Pucelle plutôt

  1. Copyright by Gabriel Hanotaux.
  2. Voyez la Revue des 1er et 15 mai.