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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/606

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mi-distance entre Nicolaïevsk et le nouveau port de Vladivostock, elle fut choisie comme capitale de la nouvelle province de l’Amour. Dans toutes ces villes, surtout à Khabarovsk, s’établissent depuis quelque temps des colonies chinoises. Elles construisent des maisons, entreprennent des affaires et s’accroissent en attirant à elles de nouveaux commerçans. Les Russes et les Chinois ne se mêlent pas, mais ils s’entendent pour des bénéfices communs. Des vapeurs remontent l’Amour et la Shilka, jusqu’à Strétensk à plus de 3 000 kilomètres à l’Ouest et facilitent l’établissement d’autres groupemens s’étendant jusqu’au Baïkal. En 1897, lors du dernier recensement, les trois districts de Khabarovsk, Oussouri et Sud Oussouri contenaient 171 780 âmes ; dix ans après, la population est estimée à 350 000 habitans, sur lesquels 90 000 au moins sont Chinois ou Coréens. Cette même année, la population entre Khabarovsk et la frontière du Transbaïkal était de 118 750 âmes. Depuis cette date, le chiffre a doublé. Aujourd’hui Blagovestchenk a plus de 50 000 habitans, Russes, Chinois et Coréens. A peu de distance en aval, une population agricole mandchoue d’environ 20 000 âmes s’est fixée définitivement et vit séparée des colons russes. Ce nombre s’augmente d’une manière inattendue. Ce fait peu connu[1] montre que la colonisation chinoise est apte à reprendre possession de régions perdues par la faute d’un mauvais gouvernement. Dans la région du moyen Amour, des communautés de Coréens se sont établies et ces groupes, Mandchoux, Chinois et Coréens, cultivent, prospèrent et s’accroissent. Le gouvernement s’efforce de diriger la colonisation russe vers l’Amour. Le progrès est faible, s’il est comparé à celui constaté à l’Ouest du Baïkal. En 1875, fut décidée la construction du chemin de fer de l’Oussouri, pour relier l’Amour au port de Vladivostock dont l’importance devenait de jour en jour plus évidente. Jusqu’alors Nicolaïevsk, placée à l’embouchure de l’Amour, avait retenu toute l’attention. En 1887 seulement, le projet de la section Sud de 1 500 kilomètres fut approuvé. On se rappelle qu’en 1891, à son retour du Japon, l’empereur Nicolas II, alors prince impérial, inaugura le 19 mai le premier train. Deux kilomètres étaient terminés. En 1897, c’est-à-dire en six ans, les 772 kilomètres qui séparent Vladivostock de Khabarovsk étaient

  1. The coming struggle by Puttnam Weale, Londres, 1909.