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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/119

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diminué de 20 kilomètres. La distance au début étant de 50 kilomètres environ, elle ne sera plus que de 30 une heure plus tard ; au bout d’une deuxième heure, elle sera réduite à 10, et une demi-heure après, les deux adversaires seront en contact. À partir de ce moment, l’aéronef le plus rapide n’aura qu’à modérer sa vitesse, et il restera constamment à proximité de son adversaire. Celui-ci, au contraire, ne pourra pas lui échapper.

Si pendant cette poursuite l’air est absolument calme, les deux navires aériens se rencontreront après que le dirigeable aura fait deux fois et demie 50 kilomètres, c’est-à-dire 125, et c’est à quelque distance au sud de Trêves que le combat aérien aura lieu.

Si au contraire, comme ce sera le cas général, le vent souffle avec une certaine vitesse, vers l’Ouest par exemple, en même temps que l’aéroplane s’élancera à la poursuite du dirigeable, il sera transporté ainsi que son adversaire vers l’Ouest avec la vitesse du vent, et si l’on suppose que ce vent fait 25 kilomètres à l’heure, le point de la rencontre sera à soixante et quelques kilomètres à l’Ouest de la position primitivement calculée, c’est-à-dire aux environs d’Arlon dans le Luxembourg belge. Mais cela n’empêchera pas l’aéroplane d’avoir gagné à chaque heure 20 kilomètres sur son adversaire, et la rencontre aura lieu comme dans le cas de l’air calme au bout de deux heures et demie. Quelles que soient la vitesse et la direction du vent, celui-ci n’aura d’autre influence que de changer le lieu du combat : l’heure de la rencontre et l’issue de la lutte resteront les mêmes.

De tout ce qui précède, le point à retenir est que la vitesse est une qualité plus importante pour les aéronefs militaires que pour les autres.

À ce point de vue, les aéroplanes ont aujourd’hui une supériorité incontestable sur les dirigeables ; il semblerait donc qu’il convient de leur donner la préférence pour constituer notre flotte aérienne. Ce sera probablement vrai dans quelques années ; mais, à l’heure actuelle, cette conclusion serait prématurée.

L’importance de la vitesse ne doit pas nous faire négliger les autres qualités. Parmi celles-ci, il en est deux qui, au point de vue militaire, présentent une importance toute particulière : le rayon d’action, et l’altitude.

Le rayon d’action est, comme on le sait, la faculté de couvrir