sont insinuées plutôt qu’exprimées, Voltaire avait lu cette Préface de l’Histoire de l’Académie des sciences, où sans le moindre faste, à moins que ce n’en soit un aussi que l’excès de la simplicité, la méthode expérimentale est si clairement définie, et avec la méthode, l’étendue de ses ambitions et de ses espérances. Il avait lu aussi les Éloges de Fontenelle. Et quelles que fussent en ce temps-là ses connaissances scientifiques, — : et elles devaient être fort minces, — il est douteux, s’il n’avait pas eu pour s’y aider l’Éloge de Newton, qu’il eût pu écrire dans ses Lettres philosophiques les cinq ou six que l’on y lit encore sur Descartes et Newton, ou sur l’histoire de l’attraction. Au resté, la réputation de Fontenelle, son âge, sa situation dans le monde et dans les académies, son influence en faisaient de toutes manières un de ces personnages dont les jeunes gens ont toujours avidement recherché les conseils, la protection, les encouragemens, les éloges. Et puisque Voltaire enfin était en relations avec lui depuis 1721, puisqu’ils faisaient partie du même monde, et presque des mêmes coteries, c’est à Fontenelle, sans chercher plus loin, qu’il dut ce goût ou cette curiosité de la science, tout nouveaux alors chez un homme de lettres. Bayle et Fontenelle, voilà les vrais maîtres de Voltaire, ceux dont il avait subi l’influence avant de connaître Bolingbroke et Newton, Locke et Bacon, et dont il n’a lui-même affecté de faire moins de cas que de ses maîtres anglais que pour se donner plus sûrement la gloire d’avoir été l’introducteur en France de la vraie philosophie.
Il est vrai seulement qu’à ces idées mêmes, les libres penseurs ou les philosophes anglais, en leur donnant une forme nouvelle, plus systématique, avaient donné une valeur et surtout une autorité nouvelle. On pouvait dire de nos libertins, et les prédicateurs ne s’en étaient pas fait faute, qu’ils n’en avaient dans la religion qu’aux exigences de sa morale et du frein de leurs passions. D’autre part, chez Fontenelle, pour trouver non seulement l’esprit fort, mais le vraiment grand esprit qu’il était, il fallait percer plus loin que l’apparence, et ne pas s’arrêter à l’affectation de préciosité sous laquelle sa prudence avait toujours masqué sa hardiesse. Et quant à Bayle enfin, en qui revivait, avec l’érudition désordonnée du XVIe siècle, quelque chose aussi de son pédantisme, il faut avouer que l’universalité de son doute, jointe au plaisir qu’il éprouvait de