Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/844

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cette recherche avec un esprit de critique scientifique rigoureuse, il a posé en principe que la notion de la famille est fondée « sur la croyance à la paternité, c’est-à-dire sur un acte de foi, » et il a choisi, comme épigraphe à ses travaux sur l’hérédité paternelle de Charles VI, ces sages paroles de Télémaque, dans l’Odyssée : « Étranger, tu me demandes quel est mon père ; je te répondrai sans détour ; ma mère m’a dit que j’étais le fils d’Ulysse ; pour moi, je n’en sais rien : car nul ne connaît son père. »

Je me contenterai de résumer ici l’enquête si documentée et si sérieuse d’A. Brachet.

I. Anamnèse maternelle directe. Mère : Jeanne de Bourbon (1338-1378). En 1373, à l’âge de trente-cinq ans, elle fut atteinte d’un accès d’aliénation mentale, qui dura plusieurs mois. « Elle perdit son bon sens et son bon mémoire. » (Chronique des quatre premiers Valois.) Elle mourut à quarante ans, d’infection puerpérale.

Grand-père maternel : Pierre de Bourbon (1311-1356). Pas de renseignemens médicaux.

Arrière-grand-père maternel : Louis de Bourbon (1279-1341), dit le Boiteux. Fut « impotent de gouttes. » (Olivier de la Marche.) Mourut d’apoplexie cérébrale.

Trisaïeul maternel : Robert de Clermont (1256-1302). En 1279, à vingt-trois ans, fut atteint d’aliénation mentale consécutive à un traumatisme crânien : coup de masse d’armes sur la tête. Tombe alors in amentiam perpetuam (Guillaume de Nangis) et meurt vingt-trois ans plus tard.

Trisaïeulle maternelle : Béatrice de Bourbon, sur le compte de laquelle on ne sait rien de précis, mais qui était petite-fille du duc de Bourgogne Hugues IV, faible d’esprit, et arrière-petite-fille de Hugues III, mort mente alienatus, au cours d’une affection fébrile.

II. Anamnèse maternelle collatérale. L’oncle maternel de Charles VI, le duc Louis II de Bourbon (1337-1410), débauché, prodigue et jovial, mourut mélancolique, au grand étonnement de ses contemporains : « Il print une grande mélancolie en sa teste, car oncques puis n’eut guère de joie, tant qu’il en perdit le dormir. »

III. Anamnèse paternelle. — Père : Charles V, dit le Sage, roi de France (1337-1380). De 1357 à 1361, fistule au bras