intense. Jadis la nature était solitaire, maintenant la forêt commence à être exploitée par places. Ayant passé quelque temps dans une de ces fermes, celle de M. da Costa, située sur le Rio Punis, nous avons pu voir ce qu’était l’Amazonie moderne. La ferme est en effet la véritable unité amazonienne ; c’est là que réside la richesse actuelle de la région, et si une partie du pays n’est plus absolument vierge, c’est à ces oasis de civilisation jetées au milieu de la forêt qu’on le doit. Ces oasis ce sont les fermes des Amazones. Ces concessions de terrains sont énormes : celle de M. da Costa, une des plus grandes, il est vrai, et des plus productives, mesure 20 000 kilomètres carrés, la valeur de trois départemens français.
Au centre se trouve, généralement sur la rivière ou sur un lac, la partie principale.
Là sont les magasins généraux et la maison mère ; là est amarré le petit vapeur qui sert à l’exploitation. Sept ou huit maisons forment ainsi le groupe principal. En ce point s’arrêtent les steamers qui desservent le fleuve. Le reste de la concession est comme parsemé de petites cahutes bâties sur pilotis pour éviter qu’elles ne soient inondées pendant la crue amazonienne. Dans ces cahutes habitent les « seringueiros » qui, chaque matin, partent à la récolte du caoutchouc.
L’exploitation en est primitive. Quand l’ouvrier voit un arbre à caoutchouc (seringua), avec son grand couteau il le scarifie en trois ou quatre points situés généralement sur la même verticale et éloignés de 7 à 8 centimètres les uns des autres. Sous chaque blessure il laisse une petite cupule où s’écoule la sève et s’en va à la recherche d’un nouvel arbre. Le soir en revenant, il collige tout le suc écoulé par ces entailles. Le lendemain sur le même arbre il recommence, et cela pendant trois mois. Chaque arbre peut ainsi être utilisé pendant un nombre indéfini de saisons. La récolte est toujours bonne, on la paie cher au seringueiro.
D’autres récoltent les « châtaignes. » Les châtaignes ou noix de Para sont à peu près inconnues en France. En Angleterre et aux États-Unis, elles figurent assez souvent comme dessert, sur un grand nombre de tables. On peut en faire des confitures excellentes. Çà et là tous les 4 000 kilomètres carrés (c’est-à-dire à 30 kilomètres l’une de l’autre) comme dans la propriété de M. da Costa, se trouve une Véritable factorerie. On peut tout