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L’ESPRIT DE LA NOUVELLE SORBONNE.

— Sans doute.

— Mais cependant, remarquez. A quoi serviront les professeurs d’enseignement supérieur que l’enseignement supérieur aura formés ? A faire des professeurs d’enseignement secondaire surtout, et presque uniquement des professeurs d’enseignement secondaire. Donc, le plus haut enseignement supérieur est forcé, en préparant des maîtres d’enseignement secondaire, d’être d’enseignement secondaire lui-même ; et en préparant des professeurs d’enseignement supérieur dont le principal office consistera à faire des maîtres d’enseignement secondaire, il est forcé d’être, là même encore, enseignement secondaire. Si ces choses pouvaient se chiffrer, on dirait que le plus haut enseignement supérieur n’est enseignement supérieur que pour un quart. Donnons des précisions. La Sorbonne prépare à la licence et à l’agrégation, voilà son enseignement secondaire ; et apprend à ceux qui songent au doctorat comment on fait une thèse, voilà son enseignement supérieur. Son enseignement secondaire s’adresse à des centaines d’étudians, son enseignement supérieur à quelques dizaines. Et encore à ces quelques dizaines-là il faudrait de l’enseignement secondaire, puisque c’est des professeurs destinés à le donner qu’ils formeront.

— Non, car l’enseignement secondaire, ils l’auront reçu, suffisamment, en se préparant à la licence et à l’agrégation.

— Oui, ceux qui auront en effet poussé jusqu’à l’agrégation ; non, ceux qui n’auront poussé que jusqu’à la licence et qui voudront passer directement de la licence au doctorat. De quelque façon qu’on retourne la chose, nécessité est que la moitié, les deux tiers, les trois quarts de l’enseignement de la Sorbonne soient enseignement secondaire ou qu’elle fasse mal son métier.

Autrefois, il n’en était pas ainsi, parce qu’il y avait une École normale dont le seul office était de préparer à la licence et à l’agrégation. Alors, la Sorbonne pouvait ne préparer qu’au doctorat et c’est-à-dire montrer uniquement comment on fait la science et quelles sont les méthodes pour faire avancer la science. Maintenant, la Sorbonne a absorbé l’École normale et, par conséquent, elle est partiellement descendue, puisque c’est ainsi qu’elle semble considérer les choses, au rang d’institution d’enseignement secondaire. On me dit que certains de ses professeurs en sont désespérés et exaspérés. Je le comprends, ou je