Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/548

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

542 REVUE DES DEUX MONDES. reconnu, ici, dans le palais, deux officiers de Pékin, déguisés, comme nous le sommes nous-mêmes. L’Empereur. — Vraiment?... Sans doute des espions lancés à ma poursuite. PuiTs-DEs-Bois. — Je ne le crois pas... Plutôt les chefs d’un complot, dirigé contre Nang-King peut-être ’pour sur- prendre la ville... Il faut la quitter au plus vite. Tout est prêt, les chevaux sellés, le navire sous vapeur... Vous vouliez vous rendre compte par vos propres yeux ; vous avez réussi, main- tenant partons. L’Empereur. — Partir avant d’avoir revu une dernière fois l’Impératrice ! Oh! non, rien ne pourrait me faire renoncer à cette faveur, qui est devenue, pour moi, la chose la plus enviable qui soit au monde. PuiTs-DES-Bois. — A chaque minute, ici, nous jouons notre tête... Au moins, dès que vous aurez votre congé, je vous en supplie, ne vous attardez pas un instant... L’Empereur. — Je te le promets. PuiTS-DES-Bois. — Le Prince-Fidèle a tourné plusieurs fois ses regards vers nous, et vous ne pouvez vous dispenser de le saluer. Il est premier ministre et général en chef, le plus impor- tant personnage d’ici : un grand cœur et un beau caractère. Son grade le place au-dessus d’un Vice-Roi. L’Empereur. — Que pourrai-je bien lui dire ? PuiTS-DES-Bois. — Quelques banalités courtoises. L’Empereur. — Saurai-je ?... (Il s^ approche de Prince-Fidèle et le salue.) Illustre Prince ! puissiez-vous vivre de longs jours heureux !... C’est une largesse du ciel que d’être admis à contem- pler votre noble face, et à croiser du regard le feu de vos yeux... Prince-Fidèle, rendant le salut. — En vérité, je pourrais vous dire de même... Mais, je vous en prie, laissons les com- plimens. Ètes-vous satisfait de votre gouvernement du Sud. L’Empereur. — Cette région est la plus fidèlement rebelle de tout l’empire et elle est si lointaine que les ordres de répres- sion se perdent en route. Les habitans refusent de payer l’impôt aux Tartares et le versent spontanément dans nos caisses. Prince-Fidèlii:. — Vous n’omettez pas de n’en accepter que la moitié, et de le refuser complètement, dans les mauvaises années?...