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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/677

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domaine des œuvres. » On appliquera donc la discipline d’une façon rigoureuse, mais en laissant une certaine latitude aux officiers. D’après l’Acte de fondation, conclu dans le Conseil de guerre d’août 1878, avec l’assentiment de tous les agens, on attribua à W. Booth, avec le titre de général, le pouvoir absolu sur l’armée et tout ce qu’elle possède. Ces ordres et règlemens de 1878 ont été très développés depuis et modifiés en certains points. La dernière édition, celle de 1904, comprend deux parties et un appendice important. Le premier livre, entièrement nouveau, énonce les qualités et obligations de l’officier en campagne et, chose étrange, il n’est pas fait mention des devoirs de l’officier envers ses supérieurs. Cela est sous-entendu. L’officier est tenu, avant tout, de prêcher d’exemple, d’être rempli de miséricorde pour les égarés et d’inspirer pleine confiance à ses soldats, qu’il doit enflammer du même zèle que le sien pour le salut des âmes.

Il faut remarquer aussi le changement d’attitude du général Booth à l’égard des Églises. En 1878, c’était nettement de la méfiance ; aujourd’hui, c’est un esprit de bienveillance qui règle les rapports des Salutistes avec les ministres des différens cultes. « L’officier, dit le général, doit toujours présumer que des gens qui professent la religion chrétienne sont sincères, à quelque dénomination qu’ils appartiennent. Il devra éviter, avec eux, toute controverse et rechercher les points sur lesquels on est d’accord, plutôt que ce qui divise. » (Partie VII, p. 231.)

Mais un trait tout à fait remarquable est celui qui détermine les devoirs des officiers vis-à-vis de leurs collègues féminins. « Un des principes fondamentaux, est-il dit, sur lesquels repose l’Armée, est le droit de la femme à une part égale à celle de l’homme, dans la grande œuvre de proclamer le salut du monde. D’après une clause inaltérable de l’Acte de fondation, elle peut occuper tout poste d’autorité, depuis celui d’officier jusqu’à celui de général. Tous les officiers doivent agir d’après ce principe, dans leurs rapports avec la femme. Il est fondé sur les revendications et les sanctions de la Bible en sa faveur, et sur la capacité remarquable qu’elle possède pour conduire notre guerre et agir sur les cœurs et les consciences du peuple de Dieu. Bien plus, le rôle merveilleux qu’elle a joué dans notre histoire, et les services extraordinaires qu’elle a rendus, doivent lui assurer, à l’avenir, cette place dans nos conseils et nos