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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/851

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nature, de ce soleil d’Italie que nous avons depuis quelques jours. »

C’est peut-être pendant cette « demi-journée » où s’ébaucha plus d’un projet, que Berlioz, pour la première fois, entretint Alfred de Vigny de ses desseins d’ouvrages dramatiques. Dans une lettre du 15 au 10 mai, écrite à Humbert Ferrand, nous lisons : « Mes affaires à l’Opéra sont entre les mains de la famille Bertin. Il s’agit de me donner l’Hamlet de Shakspeare supérieurement arrangé en opéra… En attendant, j’ai fait choix, pour un opéra-comique en deux actes, de Benvenuto Cellini. »

Berlioz pria-t-il Vigny d’écrire le poème et obtint-il de lui quelque promesse ? Ce n’est pas la seule fois qu’Alfred de Vigny se serait senti attiré par cette idée de collaborer avec un musicien. Je puis fournir, à cet égard, un témoignage inattendu. C’est une lettre inédite de Spontini, le compositeur dramatique de Fernand Cortez, de la Vestale, d’Olympia, tant admirés, à tort ou à raison, par Berlioz.


Ce mercredi.

« Une indisposition qui me tient depuis quatre semaines m’a empêché d’avoir l’honneur de me rendre aujourd’hui à votre séance littéraire ; mais, comme je compte très peu de jours pour rester à Paris, je désire vivement réaliser notre entrevue projetée avec M. Soumet, pour le grand opéra que d’accord vous avez bien voulu me faire espérer. Cette réunion me sourit, m’enchante et m’inspire ! M. Soumet désirait auparavant vous faire une visite, monsieur, mais sa maladie imaginaire… me traînerait trop à long, et si je ne craignais pas d’être indiscret, j’oserais vous proposer et prier de vous trouver chez lui demain, à midi ; il serait tout à notre disposition : combien je vous serais reconnaissant ! Veuillez avoir la bonté, monsieur, de me faire un mot de réponse, et d’agréer les sentimens de la plus parfaite considération. SPONTINI. »


A quelle date cette lettre fut-elle écrite ? On ne peut pas le déterminer exactement. Il est permis de penser que ce ne fut pas après 1828 : en voici la raison. Soumet, qui devrait être avec Vigny l’auteur de ce livret dont s’exaltait d’avance l’imagination de Spontini, avait déjà travaillé pour des compositeurs et en particulier pour Rossini. Or, les poètes du cénacle, qui