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et l’apprenti à suivre, à réaliser et à vivre les conseils et les préceptes qu’on lui donne. On n’est donc pas ici dans l’abstrait, mais en plein concret. Ce concret, on ne l’aura sous la main que six heures par jour pendant cinq ou six ans, et après, neuf fois sur dix, il ne connaîtra pas d’autre culture ; il est très vivant et très varié, fertile en réactions inattendues ; il est soumis à des influences ataviques séculaires et à d’autres immédiates, qui s’exercent à côté de l’école ; les unes et les autres sont des forces puissantes et précieuses qu’il ne s’agit pas d’ignorer, encore moins de combattre et d’annuler, mais d’accueillir, d’adapter, de rendre profitables ; c’est en un mot ce concret compliqué et même embrouillé, troublant, délicat et charmant qu’apporte chaque matin à l’école la petite tête blonde ou brune.

Ceux qui voudront entreprendre cette étude ne le devront faire, quel que soit leur point de départ, qu’avec une méthode scientifique rigoureuse dont la première règle est d’écarter soigneusement d’un débat toutes les préoccupations étrangères à son objet, qui est ici la culture morale intensive du petit paysan en vue de la famille et de la terre. Il faut reconnaître que, dans l’admirable effort de l’école moderne, l’enseignement de la morale n’a pas échappé à quelques-unes de ces préoccupations.

Il reste que cette étude intéresse au plus haut point la question de la natalité. Celle-ci offre, il est vrai, bien d’autres côtés économiques, juridiques, fiscaux et politiques. Mais on sait que sous chaque question sociale il y a un problème moral. Nous avons essayé de montrer celui qui se cache en Gascogne derrière la désolation des berceaux vides.


Dr EMMANUEL LABAT.